Debout et à l'ordre vu au travers de la Cabale
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ans chaque mot il y a un oiseau aux ailes repliées qui attend le souffle du lecteur pour s’envoler. Aussi avons nous voulu explorer une pensée inspirée de textes qui ont proposé une interprétation gnostique des commencements, et à partir d’eux, entreprendre une démarche analogique qui nous a amenées jusqu’au temple maçonnique. Il n’y a de notre part aucune intention catéchisante, ce n’est pas un enseignement, c’est seulement une manière de permettre à un oiseau de s’envoler et de nous accrocher à lui dans son envol. L’espace est vécu différemment selon la manière dont il est investi. Chaque culture, chaque société découpe dans le monde certaines portions de l’espace pour en faire des aires occupées de manière différentes en les instituant de significations.
Le lieu est un espace dans lequel on rajoute un récit, un lieu est un lieu d’identité narrative. De même, notre histoire, nos vies avec leurs péripéties, le récit de notre vie nous fondent dans notre identité.
Le grec et l’hébreu n’ont pas la même façon de définir l’identité ; les récits fondateurs sont différents. Nous dirions leurs mythes, leur mutos (ce qui unit comme dans un mystère) indiquent des catégories existentielles opposées.
Nous nous servirons de deux exemples pour montrer, comment, un peuple trouve son identité.
Héphaïstos (Vulcain) forgea entre autre les chaînes qui liaient Prométhée au sommet du mont Caucase; il fabriqua de même la foudre de Zeus et les flèches d'Artémis et d'Apollon.
Il était né d'Héra et de Zeus, et ce fut à Héphaïstos que revint la tâche de fendre le crâne de Zeus avec une hache pour permettre à la déesse Athéna de s'échapper. Il était laid, si laid que sa mère le jeta sur terre, il en devint définitivement boiteux.
Plus tard, il tomba amoureux d'Athéna. Sa chair en frémissait en l’approchant, il bandait si fort l’arc de son sexe que lorsque Athéna le repoussa violemment, la flèche semencielle tomba et pénétra la terre. Les spartes (sperme) en naquirent. Ce récit fonde donc le lieu de l’identité grecque comme un surgissement de la terre, un rattachement géographique.
Abraham naquit à Ur en Mésopotamie. Le lieu de sa naissance n’est pas le lieu de son destin. Lekh lekha dit D. à Avram, ce qui signifie : va vers toi. Et il quitta Ur. Ce récit fonde l’identité comme un arrachement à
Voyager : « aller - vers », c’est s’orienter dans un mouvement, c’est faire prévaloir le sens (celui de la direction ou celui des significations).
La promesse faite pour cette Terre, c’est le sens d’un monde-à-l’autre dédié ; c’est une destination éthique pour que l’homme puisse s’y accomplir.
Le mot ivrit, l’hébreu est construit sur la racine IVR comme avor (le passage), avera (la rupture), avera (la transgression), ouvar (la transmission) et donc il est dans sa signification étymologique l’être de l’arrachement, de la rupture, du passage.
L’enracinement grec et l’arrachement hébraïque !
Pour poursuivre, je voudrais vous faire un bref rappel de ce que qu’est la guématrie. Pour la kabbale, les lettres sont équivalentes à des nombres selon des règles précises. Ainsi aux 9 premières lettres de l’alphabet hébreu sont attribués les 9 premiers chiffres, aux 9 suivantes les dizaines et les quatre dernières les centaines. Cela permet par un jeu des chiffres et des lettres de trouver des congruences sémantiques entre des mots écrits avec des lettres dont la somme mathématique est la même. Ainsi le mot « mère » qui s’écrit em (aleph, mem) vaut 41 et le mot « père » qui se prononce av et s’écrit aleph, beth, vaut 3. Ce qui est intéressant, c’est que le mot « enfant » , yeled, s’écrivant, yod, lamed, daleth, équivaut par la somme de ses lettres 10+30+4 =44. La mère ET le père, ensemble, sont comme l’enfant !!!!
Avec Abellio je dirai qu’il ne s'agit pas que de simples relations arithmétiques formelles. Il y a un sens métaphysique qui les justifie. Les nombres sont des nœuds qualitatifs, des pôles de structuration du réel.
Un autre aspect de la différence retiendra notre attention.
Les commencements de la pensée grecque, recueillis par Hésiode dans
Les commencements bibliques énumèrent les générations primitives, où s’alternent de père en fils des personnages qui incarnent successivement le Bien et le Mal. L’hérédité n’est pas, ici, une reproduction itérative.
Le dieu de Thora aurait pu, lui aussi, s’estimer outragé, défié, profané dans le cas de Sodome et Gomorrhe et détruire, sans un mot, les auteurs de l’outrage ou les condamner à d’interminables souffrances. Or la tradition hébraïque nous livre un Dieu de justice, non par l’exercice d’une vengeance mais par l’engagement d’un procès. Dès lors, l’histoire n’est pas comme chez les Grecs, déterminée dans l’airain d’un décret. Elle se construit dans une interlocution dialogale d’où procède, du même mouvement, une mutation des structures de la psyché, puisque ce Dieu cherche un protagoniste, un interlocuteur.
La violence grecque et la justice hébraïque.
Par quoi l’homme a-t-il la possibilité de se dépasser ?
Ce sera l’arrachement et la justice.
En hébreu le mot cham qui veut dire là-bas, ainsi que le mot chem qui veut dire le nom, ce par quoi on identifie un être, ont la même valeur guématrique de 340 (chin = 300 et mem 40).. L’identité serait ainsi « un là-bas », lieu de l’invention de soi. Il se trouve que le mot sepher (le livre) a également une valeur guématrique de 340 (samer 60, phé 80, resh 200). Et ce que bruissent les ailes des oiseaux, c’est que le livre est aussi le lieu de l’identité hébraïque.
Pour les juifs,
Les cinq livres de
On retrouve un tel symbolisme chez Dante. En Paradis XXXIII, il sommo poeta utilise le symbole du livre pour évoquer
Mais de quel Dieu parlons-nous ?
Ecoutons ce texte du Zohar.
Sache qu'avant que ne soient émanés les émanés et que les créatures ne soient créées, une lumière supérieure simple remplissait toute la réalité. Il n'y avait aucune place libre, sous l'aspect d'un air vide et d'un creux, mais tout était rempli de cette lumière infinie simple; elle n'avait ni début ni fin; tout était lumière, une, simple, homogène d'une homogénéité une, et c'est ce que l'on appelle
Une parenthèse : Mais pour que la création puisse s’expanser, que l’infini ne la submerge pas dans un mouvement inverse, une délimitation en même temps fut installée. Depuis, une force maintient séparée la dualité en l’unité. Cette énergie ne serait-elle pas cette énergie noire, proposée actuellement par le commissariat à l’énergie atomique dans leurs dernières recherches astrophysiques, et qui, comme l’écrit Michel Cassé, fait naître «un état de grâce, d'élévation, où l'envol l'emporte sur la chute, une antigravitation» !
La doctrine hermétiste propose en son premier principe d'enseignement ce qu’est l'unité.
On en trouve la preuve et l'énoncé dans
Cela pourrait être représenté par le point d’un cercle. R en serait le rayon qui en hébreu se dit kav et vaut en guématrie 102 (qoph 100 et beth 2). Pi est alors "une force", un nombre, le rapport de forces maintenant séparées les deux parties de l’unité. Il n’est pas lui même la séparation, mais la force par laquelle il y a séparation. C’est la dualité. Dualité issue de la séparation de l’unité en elle-même. Séparation entre vide et plein, fini et infini,... Dualité séparée, mais toujours en une même unité que l’on peut exprimer par le périmètre d’un cercle de rayon 1 et qui se lit 1 Pi 2. Paccioli, avec la divine proportion exprimera au début du 15ème siècle la même idée de mathématisation de la création, du père générant de son énergie au sein de son Unité, avec le formule 1=P+P2
Lors de
Dans un second temps, Dieu envoie dans ce réceptacle (Rechimou) un fil de lumière, un kav, qui, dans son développement, va constituer dix cercles.
Les 10 Séphiroth sont à la fois ces 10 réceptacles-cercles et la lumière émanée par le tsimtsoum, elles sont la limite de la lumière divine mais en même temps la révèlent. Chaque monde a sa capacité propre de réception et de dévoilement de cette lumière. Et cela est un plérome, une représentation imaginale de la manifestation et on l’appelle l’arbre de vie. Le plérome, cette recombinaison fractale de l’Unité, est un inter-monde entre le Un et le monde matériel. C’est un réseau qui se propage comme un delta de fleuve ayant accumulé l’eau des rivières et des courants, portant des noms différents qui l’ont rejoint. Après son tsimtsoum, on ne l’appela plus Dieu mais le créateur, le grand architecte de l’univers, le gadlu.
Il est dit :
Et cela est indiqué par la première lettre des commencements, béréchit, le Beth ב. Sa forme, qui se montre de gauche à droite, nous dit que pour la création, ce qui est avant, au-dessus et en dessous restera inaccessible et séparé, et que nous ne devons que regarder ce qui est devant (l’hébreu se lit de gauche à droite) : Posons comme hypothèse que
Imaginons alors le Gadlu vivant la solitude du lapin compressé au fond du chapeau d’un prestidigitateur. Comment lui rendre sa liberté, sa dimension infinie ?
Par l’interprétation ! Par l’étude!
En refusant la prise du Texte au sens littéral, il y a aussi du même coup, le refus de mettre la main sur le divin. Il faut s’éloigner, il faut de la distance pour que le rapport ne soit pas idolâtre. Il faut déterrer
Comme l’écrit Néher : le temps grec, en tant que dimension métaphysique, ne peut rien enfanter ; il ne peut que se refléter en des images parfaitement semblables, alors que le temps hébreu se recrée par des enfantements en des avenirs imprévisibles. Le temps hébreu ne se recommence pas comme le temps grec, il engendre. Le Pseudo-Denys les compare à des voiles sacrés à travers lesquels luit le rayon divin. Plus on y puise, moins on les épuise. Grégoire de Nysse insiste lui aussi: "Il ne faut absolument pas s'arrêter à la lettre, mais passer à la contemplation immatérielle suivant ce qui est écrit : la lettre tue mais l'esprit vivifie". Comme l’écrit Carlos Castaneda dans Le Feu du dedans : "Le mystère de la conscience est ténébreux. Les êtres humains exhalent l'odeur de ce mystère, de choses qui sont inexplicables. Nous considérer nous-mêmes autrement est une folie. Par conséquent, un guerrier ne rabaisse pas le mystère de l'homme en tentant de le rationaliser. »
L'esprit n'est plus séparé de la lettre; il est caché en elle. Si dans l'Ancien Israël, le pontife portait deux tuniques, c'était pour signifier aux générations futures cette double acception de
L’interprétation n’est pas seulement perception, elle est constitutive de sens ; et nous le savons bien ici, puisque nous disons que tout est symbole.
Les anciens Pères assimilent les Ecritures à la robe, aux mille couleurs, tissée d'or, portée par la fiancée royale.
D’emblée, le concept de liberté s’impose. " Si je suis à l’image de ce Dieu de libération, commente Ouaknin, je dois moi aussi produire de la liberté. Comment ? Par l’interprétation des textes, qui, loin d’être seulement une opération intellectuelle, permet justement d’inventer son histoire, de sortir de l’enfermement d’un destin, de ce qui est écrit. " Ce commandement est donc une invitation à être novateur dans l’action, à inventer de nouvelles formes de vie, de nouvelles formes de pensée, notamment en abolissant les préjugés. " Il faut avoir la liberté d’inventer pour inventer la liberté ", écrit Paul Ricœur.
Le Livre ne sera donc pas un recueil, un manuel. Il n’est pas un lieu de rassemblement de signes. Il n’est pas un système. Le livre sera le lieu de l’impossible simultanéité du sens. Le livre sera toujours le « livre à venir ». Il nous introduit dans un temps qui ajoute du nouveau à l’être, de l’absolument nouveau comme l’écrit Lévinas dans « Totalité et infini ». Ce changement par lequel on devient autre, cette manière de se renouveler, de triompher du temps malgré la succession du temps, pour ne pas être entraîné vers la disparition, c’est peut-être l’aptitude à comprendre ce qui nous donne la vie, l’actualisation permanente d’une Immanence transcendante. C’est pourquoi, c’est la lecture qui fait autorité, plus que l’écriture.
Le voile enlevé au Texte qui contient le Gadlu, par une incessante altérité, en lui rendant sa transcendance, ouvrira l’intelligibilité à tous les autres textes.
En français, dérivé du latin, « altération » est très proche de « altérité » ; alors le changement, le mouvement de l’être vers quoi doit-il tendre ? Vers l’autre bruissent les mots.
Quel autre ?
Il est écrit : mitsvot che ben adam la makom qui veut dire les bons actes de l'homme envers Dieu ; et pourtant le sens de makom se traduit par « lieu », le Temple.
Il est écrit aussi : mitsvot che ben adam la havero ce qui veut dire les bons actes de l'homme envers son prochain. Dans ces deux phrases, trop semblables pour ne pas être rapprochées, sont écrites les deux dimensions de l’être, la verticalité et l’horizontalité de ses relations au monde.
Qu’est ce que le lieu où se pratiquent les bons actes ? Nous pouvons répondre à partir de ces deux phrases : un temple et le prochain.
Comment vivre cette spiritualité au quotidien ?
Par l’humilité, la générosité et le refus de l’égoïsme. Dans le judaïsme, est pur tout ce qui a trait à la générosité pour l’autre, est impur tout ce qui est en rapport avec l’enfermement sur soi et la mort. Le mot " clef ", selon moi, c’est la bonté. Pas le « bien », qui n’est qu’un mot, mais la bonté, au sens de " petit geste ". Car c’est là qu’est le véritable amour : dans les petits gestes. Les actes de Bonté s'adressent pour les vivants et pour les morts.
Tsedek : la justice. Tsedaka : la charité.
La tsedaka équivaut à tous les commandements de
Elle consiste à être touché de n'importe quelle douleur éprouvée par quelqu'un ; à lui offrir quelque chose de son avoir, et quelque chose de soi.
Ne jamais faire comme si l'on n'était pas concerné par cette souffrance, que l'on fait spontanément sienne.
Aux côtés de celui qui a besoin d'un appui ; d'une manière inconditionnelle.
Non en vertu d'une loi, de principes, ou d'un avantage que l'on peut retirer de cette bonté.
Ne pas se servir de sa force ; ne pas accabler celui qui macère dans son échec.
Ni par sa beauté, ni par son envergure, ni par sa sainteté.
Ni par son génie.
Ne pas montrer à quel point on a raison ; s'abstenir de méchamment triompher.
Si tu es vraiment juste, tu ne fais pas de mal ; tu ne te sers pas de ton mérite, de ton savoir, pour montrer l'insignifiance de l'autre, qui ne mérite que dédain et mépris.
Même si Dieu t'a choisi, ne sois pas méchant envers celui qui ne l'a pas été.
Même si tes actes sont ceux de la générosité, ne stigmatise pas sévèrement et cruellement celui qui n'agit que suivant son intérêt.
Mais si tu choisis le chemin de la tsedaka, tous les commandements de ta Thora en découlent.
Elle ne consiste pas seulement à donner une pièce au mendiant ; mais une partie de toi, toi qui sais ce qu'est un être vivant, avec tous ses besoins.
La kabbale est une véritable révolution, elle n'est pas seulement une philosophie, "amour de la sagesse", mais elle ouvre la voie à la "sagesse de l'amour"!
Nos Sages nous enseignent que sauver un homme équivaut à sauver l'humanité entière.
Voilà pour le prochain. Quant au temple, voyons en quoi il permet à l’être d’advenir.
Lorsque les hébreux reçurent les tables de
C’est pourquoi, lorsqu’il fut contraint à descendre en Egypte à cause de la famine, il apporta avec lui de la terre d’Israël des plants de Chittim qu’il fit planter à Goshen.
Ainsi, tout au long de l’exil, les enfants d’Israël ont entretenu ces arbres qui étaient devenus le symbole de leur espérance.
Le poteau, le pilier qui marque le lieu, se dit en hébreu amoud et ce qui est parlant c’est que ce mot a la même racine aleph, mem, daleth (45) que les mots « debout »(omed), « adam », ce que l’on appelle le « coeur de la prière quotidienne » (amida), et le « pourquoi » (madoua). Homo erectus ! Il a bien fallu qu’il se redresse pour échapper à l’étant zoologique. Etre debout, devenir un homme, c’est aussi s’interroger, et questionner c’est comme être au cœur de la prière. A l’entrée du temple de Jérusalem, les piliers Jakin et Boaz furent fondus par Hiram et placés à cet endroit pour que tout homme, qui y entrait, réintègre en lui cette orientation : la verticalité (amoud) mais surtout le questionnement (madoua). Le temple est le lieu où l’homme doit être debout, c'est-à-dire parlant et questionnant. Le debout et à l'ordre, ouverture sur la parole, est alors le surgissement du temple qui s'érige comme lieu où l'on peut être debout, prêt à avancer vers soi-même.
Le dialogue demeure le moment crucial afin de surmonter les désaccords et d'instaurer la compréhension à la fois comme participation et partage. Chacun doit s'adresser à l'autre et recevoir ses propos par et à travers "une écoute poétique" de ce qu'il dit : " Tout vrai dialogue implique donc qu'on s'incline devant l'autre, qu'on accorde à son point de vue une réelle importance et qu'on pénètre dans son esprit pour comprendre non l'individu, mais ce qu'il dit. Ce qu'il nous faut saisir, c'est la validité essentielle de son opinion pour qu'il puisse y avoir entre lui et nous entente sur ce dont il est question ". Le succès du dialogue entre les individus à propos de l'objet de préoccupation est conditionné par le principe de la finitude, selon lequel les individus doivent accepter les limites de ce qu'ils savent et que le savoir est une connaissance partagée. Comprendre, c'est parvenir à un consensus (compréhension entente), c'est faire intégrer la vérité de l'objet dans notre monde et éclairer le sens qu'il a pour nous. Il s'agit en somme d'étendre le champ de la compréhension comme apprentissage et d’inscrire la vie et ses préoccupations dans une perspective et un "horizon" plus large. L'herméneutique de Dilthey (philosophe des sciences sociales du 19ème siècle) est une philosophie de la vie articulée sur la logique des expériences vécues. La compréhension de soi et d'autrui s'inscrit dans le foisonnement inépuisable hic et nunc de l'expérience. Dilthey renverse la conception hégélienne de l’Esprit pour désigner non pas ces expériences spéculatives qui s'acheminent vers un savoir absolu, mais des expériences vécues qui s'enracinent dans le monde de la vie: l'art, la philosophie, la religion, la logique et les sciences ne sont pas des formes de savoir fondues dans un savoir absolu et clos, mais des expériences vitales et des manifestations de la pensée historique.
Les chéroubims, mâle et femelle, placés sur l’Arche d’Alliance, se font face, et dans leur posture semblent s’interroger l’un l’autre.
Et ce que Freud a génialement introduit en psychanalyse c’est le couché-écoute-debout. La mise sur le divan, pour le temps de la parole écoutée par l’analysant, suivie du relèvement de l’analysé, c’est l’être restauré dans sa verticalité après l’horizontalité où l’écoute a redonné une dimension, une consistance vécue dans l’altérité, une réparation du manque de l’autre.
En clair et pour résumer :
L’identité hébraïque c’est l’arrachement qui indique un « là-bas », lequel équivaut au Livre. Le Livre est vivant par l’interprétation, il incarne alors la loi universelle de justice et de bonté.
En pratiquant l’éthique, l’homme est debout, prêt au mouvement vers l’autre, à la fois horizontalement vers le prochain et verticalement vers le gadlu.
Ainsi le rite de la posture du « debout et à l’ordre » peut être considéré comme la concrétisation de la mémoire qui invite à l’accomplissement de la transcendance. Et cet accomplissement opèrera, de proche en proche, la libération du gadlu.
Il faut choisir, certes. Peut-être faire un pari ridicule. Dieu a choisi, mais il attend éternellement que nous lui redonnions sa liberté avec la nôtre. Si l’on ne veut pas du choix, qu’on ait au moins le courage ou l’impudence, ou tout simplement la sincérité, de ne plus parler d’être, mais du néant, un néant qui n’aurait alors avec le Dieu vivant que le privilège de l’éternité.
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