NAUVOO LODGE

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Défintion de l'ésotérisme

ÉSOTÉRISME

ÉSOTÉRISME - ÉSOTÉRIQUE. Vient du grec esoterikos : de l'intérieur, de eso : au-dedans (Robert).

Selon l'usage courant, est dite ésotérique toute connaissance transmise par tradition orale uniquement à des adeptes qualifiés, ce qui entraîne le « secret » à l'égard de toute autre personne. Par extension s'applique à tout mode d'expression qui ne peut être compris que par de tels adeptes - ce qui est souvent utilisé avec une nuance péjorative quand il s'agit du langage.

Le substantif peut être employé absolument. Dans ce cas, il s'applique au contenu du message et non à son code de transmission; mais il implique alors que tout ce qui est transmis constitue un unique a corps de doctrine n identique dans tous les temps et dans tous les pays, puisqu'on observe une transmission secrète aussi bien en Occident qu'en Orient ou en Afrique. Cela supposerait alors justifiée la thèse de Guénon sur la « tradition primordiale ».

Discuter cette thèse, cela va de soi, ne saurait se faire ici. Cependant, on peut se poser la question de savoir pourquoi cette universalité du phénomène (et même sa réapparition permanente) d'autant plus qu'il est aussi employé avec un adjectif spécifiant une tradition particulière.

Le secret impliqué par la tradition orale (ou, par l'emploi d'un langage à clef) n'est en l'occurrence qu'une conséquence logique du but qui est de fournir une information uniquement à des « adeptes qualifiés ».

Est donc centrale l'idée que certaines choses ne peuvent être confiées à tout le monde, idée qu'on trouve déjà dans l'Évangile (cf. « Ne jetez pas les perles aux pourceaux », et quelques autres passages), ce qui fonde l'hypothèse d'un ésotérisme chrétien, et plus précisément johannique. La base de cette idée c'est que toute connaissance confère un pouvoir soit sur les choses, soit sur les êtres et notamment les humains.

Il faut naturellement écarter ici le cas particulier du projet qui ne peut réussir que s'il reste secret : ce qui explique aussi bien l'argot des truands que la cryptographie des diplomates et des militaires, bien que cela ait pu concerner aussi certaines sociétés initiatiques (pythagoriciens, Templiers par exemple); la transgression du secret par un adepte non a qualifié » confère alors à son interlocuteur le pouvoir de faire échouer le projet en le dénonçant. Là encore, nous rencontrons le symbole évangélique de Judas qui illustre le fait que tout pouvoir civil est ennemi par principe de tout « ésotérisme n - ce que confirme aussi bien l'histoire des pythagoriciens que celle des Francs-Maçons.

On peut d'ailleurs le comprendre dans la mesure où le principe de tout ésotérisme pourrait être synthétisé dans le mot célèbre : « Tout pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument n, qui est sur le plan profane la meilleure justification de la démocratie - et qui n'est finalement que le corollaire du mot de Rabelais : c< Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. »

Ainsi, à ce stade de l'analyse, l'ésotérisme concernerait un corps de connaissance dont l'efficacité pratique serait telle que seule la haute valeur morale de ses détenteurs pourrait en garantir un emploi utile pour l'humanité (ou sa non-utilisation provisoire). C'est la thèse de ceux qui pensent qu'il y eut une alchimie matérielle conjointe à l'alchimie spirituelle.

On peut d'ailleurs effectivement se demander si, par exemple, l'humanité n'aurait pas gagné à ce que la connaissance de l'atome n’eût été transmise qu'à des «adeptes qualifiés».

Mais, de la même préoccupation procède tout l'occultisme.

Si donc l'ésotérisme est autre chose que l'occultisme, il faut pousser l'analyse plus loin que le seul stade du pouvoir conféré à l'adepte sur ou dans le monde profane par la possession d'une «technique», pouvoir qui implique que l'on soit sûr qu'au niveau de la finalité de ses actes, l'adepte présente la qualification, c'est-à-dire une éthique.

Cela pose alors le problème de l'accession à cette qualification et aussi de sa vérification.

C'est ici que l'on atteint, semble-t-il, à l'essence même de l'ésotérisme et à sa nécessité.

En effet, l'éthique ne s'enseigne pas, elle se pratique. On ne la récite pas, on en témoigne. Elle se situe donc entièrement au niveau du vécu, tant dans l' « apprentissage» que dans sa «manifestation».

Il faut en effet distinguer cette éthique supérieure de l'homme qui se situe au niveau des finalités et des valeurs et la morale qui est conformité des actes à une norme de comportement.

Or, l'adepte doit, au contraire, être capable de se passer de normes faites pour résoudre les problèmes concrets de la vie sociale : celles-ci ne servent à rien face à des situations par hypothèse exceptionnelles puisque l'adepte détiendra des pouvoirs hors du commun.

Bien au contraire, le «conditionnement moral» risquerait d'être dangereux. La psychologie moderne l'a confirmé du fait de comportements réactionnels d'origine inconsciente qu'il engendre.

Il ne s'agit donc pas de changer l'homme mais de le a restituer » dans son authenticité... qui le qualifiera ou non.

C'est donc une «psychagogie» - et non une simple pédagogie qui doit en quelque sorte «organiser le vécu» de l'adepte : celui-ci doit vivre authentiquement des situations propres à lui permettre de se «qualifier » et de prouver sa « qualification ».

Or, ces situations doivent être « fabriquées » et ordonnancées dans le «temps » pour permettre la progression, le cheminement, après cette « mise en route » qu'est l'initiation.

Selon le mot de Camus « il faut faire comme si... » pour que la personne se dépouille du personnage.

Et la première condition pour qu'elles soient vécues, c'est que l'initié les affronte comme la vie, c'est-àdire sans savoir d'avance ce qui va se passer. Tout ésotérisme est donc une série d'épreuves nécessairement secrètes suivies d'une méditation de l'adepte sur son propre vécu. Méditation appuyée sur un dialogue qui ne doit fournir qu'ut « miroir » et non pas une « instruction » .

Est-ce à dire alors qu'il n'y a pas de « connaissance »? Ici sans doute ~,e situe le point clef : si nous ne voyons pas quelque chose qui existe, est-ce parce qu'elle est invisible ou parce que nous ne sommes pas capables de la voir? Si un homme endormi ne voit pas les choses, c'est parce qu'il dort et non pas parce qu'elles ne sont pas présentes à ses côtés.

Restitué à lui-même, l'adepte est restitué au monde. On ne décrit pas le monde à un aveugle, on lui rend la vue.

Tout ésotérisme repose donc finalement sur le principe de l'éveil.

Par là, il débouche toujours sur une vision du monde et non sur une « conception » du monde. Il est au sens premier métaphysique et non théologique ou « philosophique ».

Par là aussi, il ne saurait être mystique et les « mystères » ne sont en ésotérisme que les cheminements offerts à l'initié mais ne concernent pas la réalité du monde.

Tout ésotérisme est, dans sa finalité, « rationnel ». C'est sans (Joute pourquoi il retrouve la pointe extrême de la science moderne où l'observateur et l'observé se mêlent et se conditionnent mutuellement.

Dès lors, le « pouvoir » obtenu ne serait-il passimplement celui de qui voit mieux, qui entend mieux que les autres.

(Ph. C.)  (SOURCE DICTIONNAIRE DE LA FRANC-MACONNERIE).



19/05/2007
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