NAUVOO LODGE

NAUVOO LODGE

Des religions à la Fraternité

DES RELIGIONS A LA FRATERNITE

 

Au commencement était le Verbe.

Et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.

Ce Prologue de l’Evangile de Jean nous apprend qu’au commencement Dieu créa notre Univers.

Cette interprétation de nos origines est la base de l’histoire de la plupart d’entre nous, mais elle n’est qu’une des innombrables explications que l’on a essayé de donner à l’inexplicable.

Cette appréciation n’est cependant que personnelle et le propos de cette planche n’est pas de prouver quoi que ce soit. Elle a pour but d’inventorier succinctement et sans entrer dans les détails les principaux courants religieux pratiqués; de susciter votre réflexion et peut-être l’émergence d’une autre voie.

Certes,  il est plus facile de croire que de ne pas croire. Mais nous sommes Francs-Maçons et l’un de nos devoirs est de rechercher la vérité. Non pas celle d’un passé multimillénaire dont les contradicteurs ne manquent pas, mais celle qui fera se rapprocher demain, le genre humain.

Car à mon sens, il ne sera jamais possible de mettre l’ensemble de notre planète d’accord sur une croyance.

Dès lors, ne vaudrait-il pas mieux, par gain de paix comme disent les juristes, ou simplement par gain de temps puisque les jours nous sont comptés, d’utiliser une tangente ou une voie médiane permettant à chacun de vivre en harmonie dans notre monde clos.

 

 Des Religions.

 

Un nombre incalculable de Religions a été créé par nos ancêtres et quelques directions qu’elles prirent, elles n’ont cependant pas créé de races nouvelles. La race humaine est en effet la seule que nous connaissons et le lien qui unit tous les hommes et les femmes de notre terre, croyants ou non, reste fait de chair et de sang. S’il y a des Religions, il ne peut y avoir qu’une seule Fraternité. Existe-t-il un chemin qui mène vers l’autre ? Tel est le sujet de ma planche de ce midi.

Selon le Larousse, du latin religio (étymologiquement : recueillir et relier), la religion est l’ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré ; c’est aussi l’ensemble de pratiques et de rites propres à chacune de ces croyances. La religion évoque en moi, mes racines, je suis né catholique par ma Maman, j’aurais pu naître musulman ou bouddhiste, c’est un peu comme Maxime Le Forestier qui nous chante:

« On ne choisit pas ses Parents, on ne choisit pas sa Famille. Etre né quelque part, c’est toujours un hasard ».

Les souvenirs de mon enfance me rappellent le petit costume cravate dont Maman me revêtait pour nous rendre à l’Eglise. Les repas de familles qui succédaient obligatoirement aux cérémonies de baptêmes, des premières communions, des mariages.

Dans mon école à Genève et paradoxalement, l’étranger n’était pas le petit vaudois ou le petit italien, il était d’abord le Protestant. Dans mon esprit d’alors, ce qualificatif avait pour moi une connotation particulière, confortée par le temps mort qui suivait régulièrement la réponse de l’élève dissident à son professeur : Comment pouvait-on être protestant ?

J’avais été éduqué, j’étais sûr de ma croyance. Rien d’autre ne pouvait exister.

Ce rejet de la différence est propre à notre environnement : nous naissons dans un système et sans comparaison avec l’extérieur, nous restons murés dans nos certitudes.

« L’homme n’est naturellement ni bon, ni méchant. Il est les deux. Parce qu’il est libre ».

En reprenant cette phrase de Jorge Semprun, survivant de Buchenwald, je me demande si ce n’est pas cette liberté naturelle que les Religions n’ont eut cesse de contrôler au travers l’enseignement de leurs préceptes.

Sans les Religions, les peuples s’entredéchireraient. La majorité d’entre nous préfère sans doute, se soumettre à une Loi qui lui impose de ne pas tuer plutôt qu’à une autre qui autoriserait un carnage.

Pourquoi des Règles religieuses alors que les Lois civiles tendent au même résultat.

Ce paradoxe tient uniquement de l’espérance.

Les Lois civiles règlent notre vie de tous les jours. En supposant que les Lois soient scrupuleusement respectées par tous, elles ne règlent que le quotidien et imposent un respect de vie communautaire.

Les Religions transcendant une entité supérieure, incorporent dans leurs dogmes la promesse d’une vie meilleure dans une autre dimension.

Dans ce bas monde, il me semble évident que la réalité profane ne peut rivaliser avec les promesses divines.

Il est assez remarquable de constater que pour ce qui est du divin, hormis l’indouisme dont les origines ne sont pas clairement définies, toutes les religions se réfèrent à des hommes fondateurs.

Bien sûr, comme au théâtre, le souffleur n’était pas loin!

Le Confucianisme est né en Chine par l’avènement de Confucius (K’ong-Tseu) en 500 avant J.-C. Il apparaît une centaine d’année après le Taoïsme des philosophes Lao-Tseu et Tchouang-Tseu.

Les Bouddhistes ont fait confiance à Siddhârta Gautam (600 avant J.-C.)

L’Islam à Mohammad le Prophète, l’Envoyé de Dieu (570 après J.-C.)

Les trois patriarches Abraham, Isaac et Jacob (1300 avant J.-C.) sont Pères du peuple d’Israël et Jésus de Nazareth le Christ (du même siècle que notre ami Jules César.) fondateur du christianisme.

L’hindouisme n’a pas de fondateur connu, et son origine remonterait aux Sages inspirés de tribus indo-aryennes installées dans le nord de l’Inde il y a plus de 3000 ans. Il semblerait donc qu’il s’agit d’hommes dont on ne connaît pas leurs noms.

Le Taoïsme, philosophie fondée sur le tao, principe du macrocosme qu’est l’univers et du microcosme qu’est le corps humain, et le Confucianisme qui considère que l’Homme doit être le lettré vivant en conformité avec la vertu et donc, par là même, celui qui a compris le monde, sont encore pratiqués dans l’archipel du Japon et beaucoup moins en Chine puisque considérés comme politiques réactionnaires depuis l’instauration de la république populaire.

Ces deux théories peu connues sous nos latitudes mériteraient une plus grande attention de notre part, puisqu’elles prônent le perfectionnement de l’Homme par lui-même et non par une puissance supérieure.

Les préceptes bouddhistes et hindouistes sont principalement des règles de vies et structurent la société. Ils portent sur l’impermanence des choses, la rétribution des actes, le cycle des renaissances ou réincarnation.

Ces deux religions sont extrêmement tolérantes envers les autres croyances et reconnaissent la diversité des voies qui conduisent au Dieu personnel et à travers lui, à l’absolu insondable.

Plus proche de nous, l’Islam, les Chrétiens et les Juifs, tiennent leurs préceptes de racines identiques qui remontent aux écrits des prophètes juifs du 13ème siècle avant J.-C.

Si les 114 sourates du Prophète Muhammad inspirent toute la vie religieuse et sociale des musulmans, la vie juive est marquée par l’attachement à un Peuple, à une Terre et à une Loi, la Tora et ses 613 commandements. Les Chrétiens sont guidés par les Prophètes d’Israël et croient en Jésus-Christ, Verbe incarné de Dieu, venu au monde pour libérer l’humanité du mal et de la servitude.

De ces cinq religions, toutes ont subi des courants divergents, et toutes doivent mener le croyant à un nirvâna, à la délivrance, à la vérité, au salut éternel, ou à l’ère messianique libre de violence et d’affrontements, où régnera la justice pour tous.

Pour atteindre ces objectifs, on y enseigne le respect de la vie, de la propriété, le refus de la sexualité désordonnée, l’abstinence de boissons enivrantes et de certains mets, la charité, la moralité, la patience, l’énergie, la méditation et la sagesse, la bienfaisance, l’assistance aux proches, l’interdiction de la turpitude, de l’oppression et de l’injustice, on y enseigne la mesure, la bienséance, la générosité, le pardon des offenses, le souci de la vérité et l’amour de son prochain comme de soi-même sans oublier l’étranger.

A l’énoncé de ces préceptes, notre terre devrait être un jardin.

L’Amour et la Solidarité devraient être nos Maîtres.

A l’aube de ce troisième millénaire, nous avons certainement dû manquer un épisode!

Le prosélytisme des uns, l’intransigeance des autres, transforme régulièrement des régions entières en cimetière.

« Question à Dieu : Etait-il possible de faire autrement?

Faut-il toute cette cruauté, toute cette barbarie, toute cette souffrance?

L’horreur était-elle une nécessité? »

Les religions derrière leurs apparences, sont soucieuses de conserver leur pérennité. Elles ont des missions à accomplir.

Pour ce faire, elles ont agi et agissent comme des potentats. Leurs étatisations, consécration suprême, ont eu et ont des conséquences dramatiques à l’intérieur comme à l’extérieur des pays.

Quand bien même un certain œcuménisme tente quelques rapprochements, l’heure n’est pas à la réconciliation, mais on pourrait y rêver un instant.

En revenant sur notre histoire et ce qu’elle nous enseigne, on ne peut que constater le fossé qui sépare les bonnes intentions littéraires des réalités de ce monde.

L’avidité, l’orgueil, la convoitise règnent en maîtres.

Que faut-il donc à notre humanité pour que nous puissions enfin réaliser de notre vivant, ce que les Religions promettent dans l’éternité ?

« L’une des caractéristiques fondamentales de l’humanité est la recherche d'un sens à la vie.

Les questions sont universelles, les réponses sont culturelles ».

Imaginons un instant qu’il n’existe pas de paradis ailleurs. Qu’il se trouve en fait sur notre terre et qu’il subit immédiatement les conséquences de nos actes.

Imaginons que les hommes ne peuvent plus se cacher derrière un pardon futur ou un sauveur attendu.

L’homme aurait-il besoin de croire dans une Religion ?

La Religion des hommes ne lui suffirait-elle pas ?

Quel sang coule donc dans nos veines pour que nous ayons oublié notre Fraternité.

 

La Fraternité.

 

Lorsque dans une famille, la séparation ou l’éloignement survient et qu’il dure suffisamment longtemps, l’oubli s’installe. Les souvenirs s’estompent. Les origines, les racines disparaissent.

Il en est de même de notre race.

Nous avons oublié que nous avions de la Famille aux antipodes. Et pourtant leur sang est semblable au nôtre et seul le soleil a changé leur peau. L’évolution de leur mode de vie a été différente de la nôtre. Tout nous a différencié. Seule notre constitution rappelle notre communauté. Isolés dans des régions disséminées, les siècles nous ont séparés.

Le temps a aujourd’hui réparé ces erreurs. Il nous permet de nous retrouver.

A nous maintenant de nous reconnaître et cessons de penser que notre venue va leur apporter le bien-être de notre civilisation.

Nous avons tout à apprendre l’un de l’autre.

Tout cela ne pourra se faire qu’en dehors de toutes idées préconçues. Hors de toutes pressions dogmatiques.

Comment aller vers l’autre bien ancré dans ses croyances sans être considéré comme un prédateur mais comme un Ami?

La thématique de philosophes d’aujourd’hui parle de « conflits de civilisations ».

Jean-François Revel nous dit : « Les échanges entre civilisations ne sont féconds pour toutes qu’à la condition qu’aucune d’entre elles ne cherche à propager chez les autres une quelconque foi religieuse ou politique. Le communisme fut une foi politique encore plus répressive que ne l’avaient été les fois religieuses en leurs pires excès.

Seule la liberté peut transformer les conflits en coopération et en fécondation réciproques. C’est pourquoi l’histoire nous montre, depuis des milliers d’années, de nombreuses sociétés qui sont multiculturelles, pour le plus grand bien des civilisations qui les composent. »

Mais les violences auxquelles nous assistons par chance à distance depuis notre Suisse, sont-elles le résultat d’un refus ou d’incapacité d’évolution de certaines croyances?

Si je limite ma réflexion aux simples pratiques musulmanes et chrétiennes, je constate que chacune de ces deux religions sont composées de deux mouvements absolument distincts.

D’un côté nous avons des groupes fervents de tolérance et d’amour et de l’autre, les extrémistes du mouvement.

Chacun de ces groupes utilise le groupement tolérant pour pénétrer pacifiquement le lieu d’engagement. L’intolérance vient ensuite.

Cette politique fonctionne. Elle fonctionne tellement bien que nous sommes aujourd’hui, arrivés à accepter la religion de l’autre sans connaître véritablement ses buts ultimes.

Je ne peux accepter cette issue. Je ne peux accepter que l’on impose une croyance qui prêche la virginité de la mère d’un humain. Pas plus que je n’accepte l’unicité d’une religion imposant le rabaissement de la femme, sans lesquelles nous n’existerions pas.

Une religion dans mon esprit, ne peut être que divine. Hors, toutes celles que l’on nous propose ont été créées par des hommes.

Je ne crois donc à aucune religion.

Quand je regarde devant moi, je ne vois que des hommes, quand je me retourne, je ne vois que des hommes, rien que des hommes. Pas d’anges divins, pas de dieux, pas d’éléments surnaturels, rien que des hommes.

La solution à nos problèmes ne peut donc venir que par les hommes et non pas par des croyances en des entités imaginaires.

Lorsque les premiers maçons philosophes se sont réunis, ils ont créé un environnement propice à une solution universelle : la Fraternité.

La pression religieuse permanente à l’époque des premiers maçons leur a fait imaginer une nouvelle appellation de l’insondable : le Grand Architecte de l’Univers. La définition passe-partout et universelle de notre G.A.D.L.U. permet le nivellement des difficultés liées à la croyance. Chacun sur notre terre peut se retrouver en Lui.

En politique on dirait : à la lutte des classes, les maçons ont substitué le mélange des classes.

Alors que les religions d’une manière générale utilisent leurs symboles et leurs rituels pour imposer leur façon de penser, notre Fraternité les utilise dans un esprit d’ouverture.

Point de dogme, point de promesse, uniquement des outils que l’on peut toucher, palper, utiliser.

La force du maillet, la précision du ciseau, les justes répartitions de la règle, la droiture du niveau, rien d’extraterrestre dans l’explication de nos symboles.

Pas d’icône auréolée dans nos ateliers, mais un compas qui nous relie à tous nos Frères et une équerre qui nous rappelle nos devoirs.

On pourrait dès lors comparer notre Fraternité à une Religion (recueillir et relier…). Il me plaît en effet à m’en convaincre régulièrement et la réponse souvent me brûle les lèvres quand on me demande quelle est ma religion !

Je pense en effet que si notre différence réside dans l’absence de dogme, ce qui dans les faits nous interdit heureusement l’utilisation de cette appellation, dans les actes, notre engagement personnel devrait être comparé à un sacerdoce.

La Franc-Maçonnerie possède dans ses enseignements la clef de la reconnaissance universelle.

Les religions divisent. Laissons de côté ce qui divise et cherchons ce qui unit.

Laissons de côté ce qu’un rédacteur du journal Le Monde appelle une sorte de pathologie de la certitude qui peut conduire des individus ou des sociétés à tous les extrêmes au nom de la foi.

Cependant, avant de se lancer dans cette reconnaissance, ne devrions-nous pas nous demander si nous sommes vraiment prêts à entreprendre cette « croisade », substantif cher à notre ami George Double You.

L’élément de base de notre Fraternité est un homme libre, avec tout cela comporte de défauts et de qualités.

Microcosme du monde profane, nous nous plaisons à nous considérer comme membre dûment sélectionné, choisi et accepté par un groupement qui se veut élitiste.

Cela induit des responsabilités.

La première responsabilité que je conçois, est le respect de son Frère.

Comment prêcher la Fraternité au monde profane, si elle ne règne qu’imparfaitement dans nos ateliers.

Il ne peut y avoir d’ennemi dans notre Fraternité. Si l’incompréhension perdure, il doit y avoir rupture car nous n’avons qu’un seul but, commun à tout maçon.

La deuxième responsabilité est l’engagement.

L’initiation n’est que la première étape de toute vie maçonnique. Elle n’est pas une fin en soi, mais le recommencement, une nouvelle naissance. L’assiduité aux réunions n’est que l’apparence extérieure que tout Franc-Maçon peut donner aisément, elle ne fera pas de lui nécessairement un bon maçon. En plus il doit s’engager à travailler sa pierre en effectuant des recherches sur tout ce qu’il ne comprend pas. La compréhension du monde profane, passe par la connaissance parfaite du monde maçonnique.

La troisième responsabilité est la prise en charge.

Accepter un nouveau Frère est une très lourde responsabilité. De même qu’un atelier ne pourra initier que si sa structure permet son instruction, un parrain ne prendra pas d’apprenti s’il n’a pas de travail à lui confier.

La Quatrième responsabilité que je conçois, est le gain du travail. De même que dans le monde profane et le monde religieux, la loge doit être soucieuse que chaque Maçon puisse toucher son salaire et qu’il le témoigne.

Quantitativement, son salaire sera égal aux sentiments qu’il aura ressentis lors de nos rencontres. Les émotions qu’il aura pu et su partager. C’est pourquoi, j’encourage mes Frères à parler avec leurs tripes. Quelque soit le sujet de leur planche, leur avis personnel nous intéresse. C’est leur vécu qui crée les émotions et non pas la lecture linéaire d’une succession de recherche livresque.

Cette liste, n’est pas exhaustive. Je vous laisse le soin de la compléter.

Et si maintenant nous nous sentons prêts, allons retrouver nos Frères si longtemps absents.

 

Conclusion.

 

Notre monde est fait d’idéologies, de croyances multiples qui ne peuvent se marier. La persistance dans celles-ci, n’amène que le chaos, la destruction générale.

Mais notre monde est surtout fait de mensonges. Tout est fait autour de nous pour que cela perdure.

Les médias nous abreuvent quotidiennement de faits politiques dont ils ont eux-mêmes été abreuvés; mais plus grave, les faits dramatiques qu’ils nous relatent des quatre coins de notre planète ne nous émeuvent même plus. Assis devant notre télévision, nous en sommes tellement habitués que la vue d’un cadavre déchiqueté ne nous fait plus réagir.

«Question à Dieu : Est-il possible de faire autrement?»

S’il y a des Religions, il ne peut y avoir qu’une seule Fraternité.

Existe-t-il un chemin qui mène vers l’autre ?

Ce midi, je ne le pense pas ! Car aucune Religion telle que nous les connaissons aujourd’hui, ne sera jamais universelle. Mais seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.

Il ne pourra donc y avoir de conclusion dans le sens d’une solution universelle à cette planche.

Je crois en la Franc-Maçonnerie comme un dénominateur commun à toute notre humanité. Mais nous n’en sommes qu’à la Genèse de notre histoire. La plupart des Maçons eux-mêmes n’ont pas encore compris la portée réelle du mouvement maçonnique. Seul des dictateurs et des potentats soucieux de leurs prérogatives en ont réellement évalué la dimension.

Comment conclure un chantier en pleine construction, dont les fondations sont à peines sèches et les piliers porteurs ne sont pas encore tous élevés.

En fait il n’y a devant nous qu’un énorme terrassement !

Laissons de côté ce qui divise, ai-je dit.

Les obédiences ne divisent-elles pas ? Nos rites ne divisent-ils pas ?

Rassembler ce qui est épars.

Imaginer que les milliers que nous sommes aujourd’hui seront des milliards demain.

Rêver qu’un jour notre Temple sera achevé. Que la concorde régnera parmi nous et que nous vivrons dans ce qui est notre jardin, loin, très loin des tumultes du passé, parce que nous avons appris que le respect de nous-mêmes passe par le respect de l’autre.

A l’aube de l’année 2000, certains érudits nous ont prédit que le vingt-et-unième siècle sera spirituel ou ne sera pas.

De quelle spiritualité parlaient-ils ? De celle émanant de siècles d’erreurs multiples à répétition ou plus simplement de celle qui nous dicte que la vérité est en nous et que le V.I.T.R.I.O.L. de nos cabinets de réflexions est la phrase clef de nos recherches.

Mais il est encore quelque chose de plus fort dont nous aurons besoin et cette allégorie va nous l’apprendre :

« Il était une fois, une île où les sentiments divers vivaient en harmonie : le Bonheur, la Tristesse, le Savoir, ainsi que tous les autres, l’Amour y compris.

Un jour on annonça aux sentiments que l’île allait disparaître. Ils préparèrent donc leurs bateaux et partirent. Seul l’Amour resta. L’Amour voulait rester jusqu’au dernier moment. Quand l’île fut sur le point de sombrer, il décida enfin d’appeler à l’aide.

La Richesse passait à côté de l’Amour dans un luxueux bateau. L’Amour lui dit : “ Richesse, peux-tu m’emmener ? ” Elle répondit : “ Non, car il y a beaucoup d’argent et d’or sur mon bateau. Je n’ai pas de place pour toi. ”

L’Amour décida alors de demander à l’Orgueil, qui passait aussi dans un magnifique vaisseau, toutes voiles dehors : “ Orgueil, aide moi, je t’en prie ! ”  Il lui répondit : “ Je ne puis t’aider, Amour. Tu es tout mouillé et tu pourrais endommager mon bateau. ”

La Tristesse étant à côté, l’Amour lui demanda, “ Tristesse, laisse-moi venir avec toi. ”. Elle esquiva : “ O oh… Amour, je suis tellement triste que j’ai besoin d’être seule ! ”

Le Bonheur passa aussi à côté de l’Amour, mais il était si heureux qu’il n’entendit même pas l’Amour l’appeler !

Soudain, une douce voix souffla : “ Viens Amour, je te prends avec moi ”. C’était un vieillard qui avait parlé. L’Amour se sentit si reconnaissant et plein de joie qu’il oublia de demander son nom au vieillard.

Lorsqu’ils arrivèrent sur la terre ferme, le vieillard s’en alla.

L’Amour réalisa combien il lui était reconnaissant et demanda au Savoir: “ Sais-tu qui m’a aidé ? ”

“ C’était le Temps ” répondit le Savoir.

“ Le Temps ? ” s’interrogea l’Amour.

“ Mais pourquoi le Temps m’a-t-il aidé ? ”

Le Savoir sourit plein de sagesse et répondit : ”C’est parce que seul le Temps est capable de comprendre combien l’Amour est important dans la Vie. ” ».

Autre histoire soumise à notre réflexion.

L’histoire de Termez, ville antique redécouverte à la frontière entre l’Ouzbékistan et l’Afghanistan, située en zone militaire aujourd’hui.

Termez, après avoir été une petite colonie grecque dans l’empire fondé par Alexandre le Grand, aurait été choisie par les Kouchans pour en faire une de leurs capitales. Ces nomades originaires d’Asie centrale régnèrent sur un territoire s’étendant de l’Afghanistan jusqu’au centre de l’Inde. Héritiers des traditions de la steppe, les Kouchans modifièrent leur style de vie en fonction des pratiques locales. Ce métissage provoqua l’émergence du style « gréco-bouddhique ».

Position stratégique sur la route de la soie, Termez devint un grand centre bouddhique, après avoir été une colonie grecque. Au VIIIème siècle le bouddhisme sera remplacé par l’Islam, avec la domination des Arabes. Lorsque les Mongoles de Gengis Khan en 1220, déferlèrent sur la cité, la population fut entièrement massacrée et Termez tomba dans l’oubli.

Mélange hirsute de population, on y a découvert des vestiges de Temples grecques, bouddhistes et de mosquées. Termez la florissante n’a pas pu échapper à la folie des hommes. 

Domination et autodestruction, voilà de quoi est fait notre monde.

On sait aujourd’hui que l’exemple vient d’en haut puisque notre galaxie est une cannibale. La Voie lactée, notre galaxie, dévoile un nouveau visage. Non seulement cette folle spirale écartèle, puis engloutit toutes les petites galaxies qui l’entourent, mais elle se ronge de l’intérieur, dévorée par ses trous noirs, à commencer par le plus gros d’entre eux, le trou noir super massif qui trône en son centre…. 

Notre fin est donc écrite et les religions ni pourront rien; et même si ce phénomène doit nous arriver dans des milliards d’années, j’ai le sentiment que ce destin est très proche de nous, comme si je pouvais le palper.

Pensez à la question que ferons-nous de notre journée si demain nous avons la certitude de vivre la dernière!

(Source : Grand Orient de Suisse)



19/05/2007
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