Esotérisme, secret et symbolisme
ESOTERISME, SECRET ET SYMBOLISME
1°/ Qu’est-ce que l’ésotérisme ?
2°/ Pourquoi l’ésotérisme a-t-il besoin de secret ?
3°/ Pourquoi le symbolisme est-il le langage par excellence de l’ésotérisme ?
1°/ Qu’est-ce que l’ésotérisme ?
Il suffit, en toute première analyse, de se reporter au dictionnaire. L’ésotérisme se définit souvent par rapport à l’exotérisme. L’étymologie grecque donne une piste : esô est un adverbe ou une préposition qui signifie « inclus », « au-dedans », « à l’intérieur », « interne ». L’adjectif apparaît, en grec, avec cette signification, en 166. Ainsi, l’enseignement destiné au grand public est exotérique par opposition à celui qui est dirigé vers un cercle restreint « d’initiés ». C’est d’ailleurs toute l’ambiguïté apparente de notre forum, ouvert au grand public, mais traitant de la chose ésotérique, donc, par définition, réservée à un petit nombre.
Répondant à la définition ci-dessus, tout enseignement, toute doctrine (technique, scientifique, philosophique, religieuse) réservée à un petit nombre pourrait apparaître comme étant ésotérique. Ainsi, par exemple, l’astrophysique, la thermodynamique, la physique nucléaire, malgré des efforts certains de vulgarisation, ne restent-elles pas « ésotériques » pour le grand public ? Certainement dans un sens profane, tel que l’entendait Lucien de Samosate à propos, notamment, d’Aristote. A noter qu’à l’époque de Grasset d’Orcet, « ésotérique » avait la signification d ’ « abstrus », « d’abscons » (cf Larousse de 1888).
Clément d’Alexandrie utilise, semble-t-il pour la première fois, le terme d’« ésotérisme » dans le sens sacré : l’ésotérisme peut ainsi se comprendre par rapport à la forme de ce qui est exprimé (ce qui est obscur, caché), comme par rapport au fond (connaissances méta-physiques (au delà de la physique). Les deux acceptions se confondent finalement en un ensemble de pratiques (forme) et de connaissances (fond).
Mais il est très difficile, me semble-t-il, pour un « ésotériste » de répondre à cette question. La réponse, pourrait être donnée par un signe et un sourire, peut-être ? Mais en fait, la réponse à cette question ne peut être que retournée au questionnant. En fait, et c’est toute l’ambiguïté d’un forum Internet tel que ceux dédiés à l’ésotérisme, par exemple, car l’ésotérisme refuse de se laisser vulgariser. Il est peut-être possible d’en approcher l’idée centrale, peu à peu, à petits pas, mais certainement pas de l’atteindre. Le rationaliste nie l’ésotérisme, alors que l’ésotériste ne méprise pas la raison : il lui cherche un fondement et lui trouve l’esprit, comme prolongement.
Nous pouvons peut-être nous entendre finalement sur une signification de base même imparfaite, mais pouvant nous réunir : comme le disait un certain grand Chef, « de quoi s’agit-il ? »...
L’ésotérisme serait ainsi « une doctrine, un enseignement, une théorie et une pratique d’ordre métaphysique et à intention initiatique, réservés à un petit nombre et issus d’une Tradition universelle s’exprimant en fonction du lieu et du temps par des traditions particulières. » A mon sens, le terme d’«occultisme » recouvrirait plutôt la pratique ésotérique, supposant, par l’occultiste, à la fois la connaissance et la pratique des sciences et des arts occultes. D’ailleurs, et contrairement à Guénon, je pense que l’on peut à la fois être ésotériste et occultiste, mais, là encore, il faut replacer Guénon dans son contexte historique.
2°/ Pourquoi l’ésotérisme a-t-il besoin de secret ?
Nous l’avons vu : l’ésotérisme est réservé à un petit nombre. De ce fait, et par définition, il apparaît comme étant inséparable de l’occultation de la communication, autrement dit, du secret.
En effet, le Secret m’apparaît être le strict équivalent de la Connaissance ésotérique. Ainsi, et contrairement à ce que colportent certains, la Franc-Maçonnerie n’est pas une société discrète, mais elle est bien une société secrète, c’est-à-dire une société qui a un Secret et qui le transmet. Et là, je rejoins Guénon : ceux qui pensent, disent et écrivent que la Franc-Maçonnerie est une société discrète se révèlent volontairement ou involontairement agents de la contre-initiation.
Car le secret, nécessaire à tout ésotérisme, est ambigü : il doit être caché, mais il doit quand même être apparent pour être remarqué. C’est un peu comme les contrepéteries qui ne se comprennent qu’entre « initiés », mais qui doivent être suffisamment apparentes pour être décodées. Et si elles sont dites en clair, elles perdent toute leur saveur ! Ainsi, sur ce forum, tels les disciples de Christian Rozencreutz, nous parviendrons à l’union par la rose, et, ce faisant, nous partirons à la recherche des sources du bonheur !
Chose curieuse : le secret est donné dans le secret, autrement dit, le secret est qu’il n’y a pas de secret ! C’est en ayant l’air de cacher que l’ésotériste révèle : « la vérité se cache dans les ténèbres, et les philosophes n’écrivent jamais plus trompeusement que lorsque que c’est ouvertement, ni plus vraiment que quand c’est obscurément » [Canseliet (E.), L’alchimie expliquée sur ses textes classiques].
3°/ Pourquoi le symbolisme est-il le langage par excellence de l’ésotérisme ?
Nous venons de le voir : l’ésotérisme ne peut se comprendre que s’il est accompagné du secret. Or, le secret est ambigü : caché, il doit pouvoir être remarqué pour pouvoir être décodé et c’est de ce décodage que naîtra le Sens de la Queste (d’où la recherche de la Parole Perdue ).
L’intérêt du symbole réside, me semble-t-il, en ce qu’il est à la fois et question, et réponse (gr. sym-ballein : « jeter ensemble). Le symbolon était un moyen de reconnaissance, un objet coupé en deux permettant, par rapprochement, de reconnaître les porteurs et de valider leurs messages.
Le symbolisme est, par excellence, le langage du sacré (sacré = ce qui est séparé). Il est l’expression même de l’analogie (« ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » etc...).
Bref, et comme le dit Jacques d’Arès : « le Symbolisme [se révèle comme] le langage muet de la Tradition et [comme] le reflet de l’Ordre cosmique fondamental » (Atlantis n°202, mai-août 1960).
Mais n’oublions jamais que le symbolisme est un moyen, et non une fin : il révèle et cache en même temps (en fait, il re-voile) à ceux qui n’ont pas encore qualité pour le comprendre. Mais ce langage unique est certainement le seul par lequel l’intensité et la richesse de ce qui est exprimé croit avec l’évolution de son interprète. Il apparaît ainsi comme le langage par excellence de l’ésotérisme...
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