Frère Mozart et la Franc-Maçonnerie - Lumières et énigmes
Durant 7 ans, Mozart a appartenu à la franc-maçonnerie, une société prônant la fraternité et participant à la diffusion des idées rationalistes. Pourquoi cette appartenance ?
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Wolfgang Mozart a appartenu à la franc-maçonnerie par conviction. Photo : portrait exécuté à la pointe d'argent par Doris Stock en 1789. |
La confrérie au XVIIIème siècle
Au XVIIIème siècle, la franc-maçonnerie n'était pas une société secrète parce que ses activités étaient connues de tous, voire diffusées dans les journaux. Dès le début des années 1780, il était de bon ton d'appartenir à une loge dans l'Empire de Joseph II auprès du monde de l'aristocratie, de l'administration, du commerce et des arts. Les membres étaient unis autour d'une même aspiration à la fraternité contre les despotismes non éclairés, l'intolérance et le statut précaire des intellectuels et des artistes voués à la condition de valet pour pouvoir exercer.
Les affinités maçonniques
L'attirance de Mozart pour la franc-maçonnerie remonte à l'enfance en 1767, comme en témoigne sa musique de scène "Thamos, roi d'Egypte" inspiré des thèmes maçonniques. Mozart devint "apprenti" à la loge de la Bienfaisance le 14 décembre 1784. Il contribua à leur cause en composant quelques œuvres. Joseph II réorganisa les confréries de son Empire et fit disparaître quelques sociétés secrètes de Vienne, ce qui incita Mozart à entrer en 1785 dans la loge de l'Espérance couronnée. Son engagement fut imprégné de l'esprit des Lumières, mais ce furent les relations de confiance et le soutien moral et financier des frères qui l'attirèrent. Il trouva dans les dogmes maçonniques l'expression de ses propres convictions. Ce fut surtout l'apaisement de son angoisse de la mort qui lui valut de faire partie de cette communauté. Mozart resta fidèle à la franc-maçonnerie jusqu'à la fin de sa vie puisque même mourant, il lui dédia une cantate.
Les spécialistes ne parviennent toujours pas à déterminer l’identité des différents auteurs du "Requiem", mais ils savent enfin pour qui il était destiné.
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Wolfgang Mozart composa le "Requiem" sans ratures, comme toutes ces œuvres d'ailleurs. |
Une course contre le temps
Depuis 1791, les hypothèses s'accumulent sur l'origine de la composition du "Requiem" de Mozart. Pressé par le manque d'argent, Mozart travailla vite et parvint à achever le concerto pour clarinette et la "Flûte enchantée" . Il composa la "Petite Cantate" dans un état de santé de plus en plus fragile. A l'âge de 35 ans, il est conscient que sa fin est proche. Un mystérieux commanditaire lui offrit une bourse et la promesse d'un bon salaire s'il lui composait un requiem pour sa femme défunte. Mozart était déjà endetté et se mit immédiatement à l'œuvre. A mesure qu'il composait, il était certain de signer son propre arrêt de mort. Persuadé d'avoir été empoisonné, totalement affaiblit mais toujours soucieux d'achever son travail, Mozart fit venir un assistant, puis un chanteur et des musiciens qui exécutèrent des passages de la composition. Mozart fut pris d'une fièvre et serait mort en fredonnant la mélodie le lundi 5 décembre 1791 sans achever l'œuvre.
Qui a vraiment composé le "Requiem" ?
Seuls deux passages furent totalement achevés en 1791. C'est la veuve Constance qui commanda à l'assistant de Mozart la fin du "Requiem" selon les dernières indications de son mari. Le mystérieux commanditaire, le comte Franz von Walsegg zu Stuppach, récupéra une œuvre entièrement reprise, le manuscrit original signé de la main de Mozart étant conservé par Constance. Le comte se réappropria la composition avec l'aide de trois musiciens différents, selon sa fâcheuse habitude de commander des œuvres pour les faire passer ensuite pour siennes. Le "Requiem" devint un patchwork dont certains passages furent authentifiés comme appartenant au génie de Mozart et d'autres furent retouchés par des musiciens dont les identités restent encore mystérieuses.
Mozart côtoie la mort tout au long de son existence. Son funeste destin a donné lieu à de nombreuses spéculations quant aux véritables conditions de sa disparition à l'âge de 35 ans.
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Les parents de Mozart ont été enterré à Vienne. Wolfgang, lui, a été inhumé dans une fosse commune contenant 16 cercueils. |
Un funeste pressentiment
Depuis l'âge de 22 ans, Mozart est fataliste face à la mort. Son premier choc intervint en 1778 lors du décès de sa mère après une longue agonie, puis vint celui de son père en 1787. Il épousa Constance Weber en 1782 qui lui donna six enfants dont quatre sont morts en bas-âge. Depuis son enfance, Mozart a été le jouet d'une santé imprévisible. Dès l'âge de 6 ans, il contracta une maladie grave suivie d'une crise de rhumatisme, puis en 1765 il sombra dans un coma après une fièvre typhoïde. En 1771, il souffrit d'une hépatite et finit ses jours dans un état de confusion mentale accompagné d'un dérèglement de ses fonctions rénales.
L'affaire Antonio Salieri
Compositeur de talent, Antonio Salieri a compté parmi ses nombreux élèves de célèbres compositeurs tels que Beethoven, Schubert et Liszt. Après avoir triomphé à Vienne auprès de Joseph II, qui règnait sur le Saint-Empire romain germanique, il a pris conscience du talent de Mozart et s'inquiéta pour ses privilèges. Il s'accusa à la fin de sa vie de l'assassinat de son rival, théorie reprise par Milos Forman dans son film "Amadeus", adapté de la pièce de théâtre du même nom de Peter Schaffer, mais les spécialistes se tournent aujourd'hui vers d'autres hypothèses sur les circonstances de la mort de Mozart.
Une mort mystérieuse
En 1791, son acte de décès indique qu'il serait mort d'une "fièvre miliaire aiguë" caractérisée par l'apparition d'ampoules sous l'épiderme. Cependant, de nombreuses hypothèses, scientifiques autant que passionnées, foisonnent. On a d'abord pensé à un empoisonnement criminel dont le coupable serait soit le mari de Magdalena Hofdemel, sa supposée maîtresse, soit le compositeur italien Antonio Salieri, jaloux de son succès. Les scientifiques concluent plutôt à une intoxication du sang par l'urée, à une crise cardiaque, ou encore à une fièvre rhumatismale plus forte que celles dont il a déjà été victime. La dernière hypothèse en date suppose que Mozart fut victime de la trichinose, une infection alimentaire. Aujourd'hui, personne ne peut vraiment dire de quoi il est mort.
Un enterrement de troisième classe
Contrairement aux idées reçues, Mozart n'a pas été inhumé comme un misérable. Il est vrai qu'il fut enterré dans un caveau collectif de 16 cercueils dans les environs de Vienne, mais c'est sa situation financière qui en est la cause. De plus sa femme Constance souhaitait recevoir une aide de l'Etat après sa mort et évita donc toute forme d'apparat. Son squelette fut déterré en 1801 et son supposé crâne est désormais exposé au Mozarteum de Salzbourg. Depuis le 8 janvier 2006, les comparaisons d'ADN effectuées entre le crâne de Mozart et les ossements de deux membres supposés de sa famille ont établi qu'il n'existait aucun lien de parenté entre eux. Le mystère reste entier quant à l'identification précise des restes inhumés.
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