NAUVOO LODGE

NAUVOO LODGE

La Vie

SUPRÊME CONSEIL

GRAND COLLÉGE

du R\E\A\A\- G\O\D\F\

CONSISTOIRE

CÔTE D’AZUR – ALPES du SUD - CORSE

9ème SECTEUR

LA VIE

2003 – 2006

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Préface par le Président du Consistoire

« Et la vie était la lumière des hommes » Jean 1,4

Ayant voyagé au XXème dans l’infiniment grand et l’infiniment petit, la science nous a révélé

des réalités qui parfois s’éloignent largement de la manière habituelle dont nous percevions le

monde qui nous entoure.

En effet si nous connaissons ce qui s’est produit depuis le Big-bang (Fred Hoyle), nous ne

pouvons pas encore déterminer ce qui est advenu au préalable et, de plus, certains scientifiques

demeurent opposés à l’idée d’une explosion, peut-être parce qu’ils « n’aiment pas l’idée que le

temps a eu un commencement » (Stephen Hawking).

Sous réserve des découvertes à venir, on peut penser avec Hubert Reeves, que, après

l’explosion originelle, le monde s’est mis progressivement en place, et que l’univers, parti d’un état

de total désordre, s’est structuré peu à peu en se complexifiant : Ordo ab Chaos.

Cependant, créer de l’ordre, à partir du désordre, demande un effort, une dépense d’énergie.

D’où vient donc cet effort, cette dépense d’énergie, ce « fantastique réglage » ?

Les révélations de la Science nous conduisent tout droit vers des interrogations qui frôlent la

frontière entre la science et la philosophie.

Pour participer à cette réflexion notre Consistoire a souhaité s’interroger sur les questions

que posent ces constatations et en particulier sur l’une des conséquences les plus spectaculaires de

la complexification de la matière : l’apparition de la vie.

Choisissant « le chemin qui toujours conduit vers le haut » Platon, notre Consistoire a tenté

de faire réfléchir chacun de ses membres en s’appuyant à la fois sur une pensée considérant

l’univers comme s’expliquant entièrement par lui-même , sans l’intervention d’une quelconque

entité agissante, extérieure à lui, et sur un regard laissant entrevoir l’existence d’une telle entité

« située au-delà du temps et de l’espace » et qu’Aristote appelait déjà « premier moteur

immobile…qui est un vivant éternel et parfait »

Espérons seulement que ce travail collectif aura nourri notre réflexion personnelle tout en

renforçant notre fraternité.

3

Préambule par le Président de la Commission

Les Consistoires (il y en a 23 actuellement) ont été créés en 1974 par le T\I\C\Francis

Viaud « pour resserrer les liens qui unissent les porteurs du cordon blanc et leur permettre de

procéder librement à des travaux en commun ». in Jean Petit, Abrégé de 1 'histoire du Grand

Collège des Rites (1826-1995). Le T\I\F\ ajoute un peu plus loin « Les Consistoires, ateliers qui

travaillent aux 31e et 32e degrés, ne sont pas des ateliers comme les autres ; ils sont totalement libres

de leurs travaux, et ne sont pas soumis à l'obligation de l'étude d'une question annuelle. Ils

procèdent à la réception rituelle des G\I\I\ et des Princes du Royal Secret de leur ressort ». Et

ceci : « Éléments essentiels dans une institution qui, comme la nôtre, se veut initiatique, ils sont en

fait les mainteneurs; de la Tradition et de l'Esprit maçonniques mais ils s'interdisent d’intervenir

dans la direction des Ateliers symboliques, de Perfection, capitulaires ou philosophiques ».

Dans cet esprit, notre T\P\P\ a proposé, en octobre 2003, que nous mettions en chantier,

pour environ trois ans, une étude sur la VIE.

Il v a 50 ans, Jean Rostand publiait un livre de réflexions suscitées par un journaliste de

grand talent, Paul Bodin intitulé « La vie, cette aventure ».

Ces deux hommes tentaient de répondre à trois questions fondamentales :

D’où venons-nous ?

Qui sommes-nous ?

Où allons-nous ?

Un demi-siècle plus tard, dans notre optique maçonnique, pouvions-nous voir où nous en

étions ?

Dans ce but la commission Vie et Franc Maçonnerie s'est mise au travail. Trente-trois Frères

se sont inscrits dans les trois groupes de travail suivants

Groupe n° 1 - La vie dans l'histoire de la Terre

Groupe n° 2 - La vie humaine.

Groupe n° 3 - Une vie après la vie ?

Dans ce dernier groupe ont été examinées les réponses des grandes religions et exposées les

raisons de notre appartenance à notre Ordre du R\E\A\A\, institution laïque du

G\O\D\F\, qui porte nos espoirs.

Ce volume réunit les travaux des trois groupes qui ont gagné largement leur salaire. Une

conclusion générale clôt le document.

4

Les commissions d’étude étaient composées de :

ABRARD Louis

ANGELI Pierre

BALDINI Valentin

BERANCHE Raoul

BEREGI Georges

BRUN Henri

CHERON Robert

CIMETERE Louis

DARS René

DAUFES Eric

DEWITTE Guy

DUONG Roland

FABRE Roger

GARNIER-EUZIOL Claude

GRAS Christian

GRAZZINI Georges

GUILLON Jean

GUNST Jean Claude

IBANEZ Frédéric

LEBLANC Jacques

LHAMI Roger

LUCCHINI Jean Paul

MARLIERE Jean Pierre

MOTTEZ Jean-Marie

MURET Tristan

RAFFAELLI Pierre

REBUFFEL Henry

ROGER Maurice

ROSIER Jean Claude

SANTONI Charles

SCAPINO Georges

TAPIE Marc

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SOMMAIRE

PRÉFACES

CHAPITRE 1 - LA VIE DANS L’HISTOIRE DE LA TERRE................................................ 6

1.1 - De l’origine.................................................................................................................................6

1.1.1 -Les indices ................................................................................................................................6

1.1.2 - Les théories ...............................................................................................................................8

1.1.3 - Une vie primitive cellulaire ......................................................................................................9

1.2 - De l’évolution ............................................................................................................................10

1.2.1 - Histoire de l’évolutionnisme...................................................................................................10

1.2.2 - Valeur explicative des théories ...............................................................................................11

1.2.3 - L’énigme des germes extrêmophiles ......................................................................................12

1.3. De l’odyssée...............................................................................................................................13

CHAPITRE 2 – LA VIE HUMAINE ...................................................................................... 16

2.1 -La biologie humaine ...................................................................................................................16

2.1.1 - Les âges de la vie....................................................................................................................16

2.1.2 - La différenciation sexuelle .....................................................................................................18

2.1.3 - Le masculin et le féminin, aspects symboliques.....................................................................20

2.1.4 - Le respect de la vie humaine ..................................................................................................25

2.2 - L’homme est-il libre ? ...............................................................................................................26

2.3 - Morale et civilisation .................................................................................................................31

2.3.1 - La dualité du bien et du mal ...................................................................................................31

2.3.2 - Une religion est-elle absolument nécessaire à l’avènement d’une civilisation ?....................37

2.3.3 - La rétroaction Tradition et Progrès.........................................................................................39

CHAPITRE 3 – UNE VIE APRES LA VIE ? ......................................................................... 43

3.1 - L'éventualité d'une vie après la vie. ...........................................................................................43

3.2 – Y a-t-il une ébauche de réponse scientifique ? .........................................................................48

3.3 - La réponse des religions ............................................................................................................48

3.4 - La foi du chevalier Rose Croix au primat de la conscience individuelle l’aide dans sa quête..49

3.5 - Mais la mort abordée par la raison est pour tous une souffrance comme l'existence du mal dans

le monde............................................................................................................................................50

3.6 - Au signe de la vie correspond le contre-signe de la mort, aussi n'est-il pas anormal que la mort

inspire de la répulsion même chez le maçon ?...................................................................................51

3.7 - La fascination de la mort. ..........................................................................................................51

3.8 - La sublimation de la vie.............................................................................................................52

CONCLUSION

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CHAPITRE 1 - LA VIE DANS L’HISTOIRE DE LA TERRE

1.1 - De l’origine

De tout temps, l’homme a été intrigué par son origine, et cela l’a conduit à s’interroger sur

l’origine de la vie. Pendant des millénaires, il aborda le problème selon une pensée qui l’empêchait

d’y voir autre chose que la génération spontanée. Bien que partant d’observations réelles, ces

civilisations furent incapables d’en donner une interprétation correcte, faute de recourir à la

vérification expérimentale. Il fallut attendre Pasteur en 1859 qui, avec un protocole expérimental

rigoureux de stérilisation, porta le coup de grâce à la théorie de la génération spontanée.

Puisque la naissance de tout être vivant résulte nécessairement d’une génération

préexistante, la vie a une histoire et une évolution.

Il est d’abord difficile de définir la vie.

Nous adopterons ici une définition minimaliste. La vie primitive est un système chimique

capable de reproduire l’information moléculaire qu’il porte en faisant quelques erreurs

accidentelles de copie qui lui permettent d’évoluer.

La seconde difficulté est liée à la flèche du temps ce qui confère un sens irréversible à

l’évolution. De ce fait, la vie primitive était nécessairement différente de celle que nous connaissons

aujourd’hui. Les traces des tous premiers systèmes vivants terrestres ont été effacées par l’histoire

géologique tourmentée de la Terre, par la présence permanente d’eau (érosion) et par la vie ellemême

(évolution).

1.1.1 -Les indices

La Terre s'est formée avec le système solaire il y a environ 4.8 milliards d'années. Vers 4

milliards d'années se sont formés les océans.

L’eau et l’environnement de la Terre primitive

Pendant les neuf dixièmes de son histoire, la vie n’a pas quitté l’eau. Cet élément,

indispensable à la vie, domine aujourd’hui encore les systèmes vivants. La majorité des constituants

des cellules doivent leurs propriétés à la présence de l’eau. L’eau a vraisemblablement participé aux

mécanismes fondateurs de la vie primitive. Elle joue également un rôle passif en permettant la

diffusion des molécules. Tout laisse à penser que l’eau sous sa forme liquide est apparue

relativement tôt dans l’histoire de la Terre, comme en témoignent les sédiments du Groenland.

L’atmosphère terrestre primitive peut être considérée comme provenant en partie de

composés piégés dans les roches : le gaz carbonique, l’azote et l’eau. L’atmosphère, provenant du

dégazage du manteau terrestre, fut vraisemblablement partiellement soufflée lors d’une gigantesque

collision. Dès lors, il est tentant de penser que l’atmosphère initiale fut modifiée et en partie

remplacée par une atmosphère composée d’éléments apportés plus tardivement par les météorites,

très nombreuses à cette époque.

Vie fossilisée.

Les traces d'organismes les plus anciens qui ont été mis à jour datent d'environ 3,5 milliards

d'années (site de Warrawoona en Australie orientale et de Fig Tree en Afrique du Sud). A cette

époque, la vie microbienne était présente sous forme de cyanobactéries, capables de fabriquer leurs

constituants fondamentaux à partir du gaz carbonique atmosphérique.

7

Les premières cellules ont donc pu apparaître bien avant. Ceci semble bien être le cas,

puisque l'on a retrouvé des traces de carbone d'origine organique dans des grains de phosphate de

calcium à l'intérieur des plus anciennes roches connues provenant du Groenland et datées de 3,9

milliards d'années. Les premières cellules photosynthétiques1 seraient ensuite apparues il y a

environ 3 milliards d'années.

Les sources abyssales, berceau de la vie ?

La vie est-elle née dans l’océan au niveau des sources hydrothermales ?

Rien n’est moins sûr, même si un solide faisceau de présomptions le laisse supposer.

D’étonnantes communautés animales prolifèrent au plus profond des océans, là où les sources

hydrothermales créent un environnement que l’on croyait très défavorable à la vie. Or, ces

conditions drastiques sont, en bien des points, semblables à celles qu’offrait la Terre primitive.

Peut-on pour autant en déduire que la vie est née dans les abysses ?

En 1977, une mission océanographique découvrit, par 2600 mètres de fond sur la dorsale

océanique des Galápagos, une communauté animale tout à fait étonnante, constituée d’organismes

le plus souvent inconnus de la science. La présence d’une telle densité biologique non suspectée, ni

même imaginée, demeura une véritable énigme durant plusieurs années.

En effet, tous les écosystèmes sur la Terre, qu’ils soient terrestres ou aquatiques, dépendent

de la présence d’organismes capables de synthétiser des molécules organiques à partir du gaz

carbonique puisé dans leur environnement. C’est notamment le cas des végétaux, qui utilisent

l’énergie solaire pour réaliser ces processus chimiques lors du phénomène de photosynthèse.

Toutefois, la photosynthèse est impossible à grande profondeur, en raison de l’obscurité totale.

Comment la vie pouvait-elle se développer dans ces ténèbres ?

Une fois leur surprise passée, les scientifiques remarquèrent que cette luxuriance animale

était restreinte aux zones d’hydrothermalisme sous-marin. La dorsale océanique possède en son

centre un canal, caractérisé par une très forte activité volcanique à l’origine du phénomène de

tectonique des plaques. Le magma en fusion monte, puis s’étale et se solidifie, tout en se craquelant.

L’eau est alors très chaude (300° à 400 °C), acide, totalement dépourvue d’oxygène et enrichie en

sels minéraux, en ions métalliques et en composés toxiques tel que l’hydrogène sulfuré. C’est à

l’interface entre fluide hydrothermal et eau de mer, où les conditions du milieu sont agressives et

temporellement hypervariables, que l’on observe les luxuriantes communautés animales des

abysses.

Plusieurs années passèrent avant que l’origine de cette biocénose2 fût découverte. Les

résultats de prélèvements de fluides hydrothermaux révélèrent la présence de fortes concentrations

en hydrogène sulfuré autour des animaux. Quelques années plus tard, des chercheurs, démontrèrent

l’existence de bactéries autotrophes autour et dans ces organismes. Ces bactéries sulfoxydantes

pouvaient transformer du gaz carbonique en molécules organiques en utilisant non pas l’énergie

solaire, mais l’oxydation de l’hydrogène sulfuré. Elles étaient donc à la base de la chaîne

alimentaire de cet écosystème. Cette découverte étonnante relança le débat sur l’origine de la vie sur

Terre.

Des molécules organiques d’origine extraterrestre ?

Cette théorie est soutenue par les exobiologistes, qui postulent que les premiers stades de la

vie seraient apparus sur Mars. Il n’y a pas de véritable preuve quant à l’existence passée ou présente

1 Photosynthétique : production de matières organiques par les plantes et certaines bactéries, à partir de l’eau et du gaz carbonique

qu’elles peuvent fixer grâce à la chlorophylle en employant comme énergie le soleil.

2 Biocénose : association d’animaux et de végétaux qui vivent en équilibre dans un biotope donné.

8

d’un mode de vie sur la planète Rouge, il faudra attendre les résultats des sondes envoyées par la

NASA au début de cette année. Cependant, en dépit d’une forte activité volcanique lors de sa

genèse, les conditions de vie sur Mars auraient été plus clémentes que celles qui existaient sur la

Terre à la même période. Devant cette somme d’explications plus ou moins vérifiables, la fuite en

avant est de rigueur. Les explications repoussées vers des contrées interplanétaires, et accessibles

quasis uniquement au travers de scénarios de science-fiction, sont de mise.

Les radioastronomes ont découvert que la chimie organique est particulièrement active dans

les nuages denses de gaz et de poussières interstellaires bien que la température y soit très basse

(environ -260°C) et que les molécules y soient très diluées. Environ soixante molécules organiques

ont été identifiées à ce jour. C’est vraisemblablement par une chimie similaire que sont produites les

molécules organiques cométaires. Il est vraisemblable que cette matière organique se soit formée

dans les nuages interstellaires denses par des réactions entre ions et molécules.

Des collectes de poussières interplanétaires effectuées dans les glaces du Groenland et de

l’Antarctique, permettent d’évaluer à environ 50 à 100 tonnes la quantité de grains interplanétaires

qui s’accumulent tous les jours sur la surface de la Terre. La quantité totale de carbone livrée à la

Terre pendant la phase active du bombardement terrestre, c’est-à-dire entre -4,2 et -3,8 milliards

d’années, était vraisemblablement 1000 fois plus intense qu’aujourd’hui.

Sur Terre, au contact de l’eau liquide, les micrométéorites ont donc pu fonctionner comme

des microréacteurs chimiques, transformant la matière organique des grains en acides aminés à

l’aide des catalyseurs présents.

1.1.2 - Les théories

Les ingrédients d’une soupe primitive organique

Les géochimistes privilégient aujourd’hui l’hypothèse d’une atmosphère primitive de la

Terre riche en gaz carbonique. En laboratoire, le sulfure de fer, l’hydrogène sulfuré et le gaz

carbonique réagissent en milieu anaérobie pour donner de l’hydrogène et une variété de

thioalcools3.

Selon les biochimistes, ce sont les conditions physico-chimiques engendrées par la genèse

de la Terre - il y a 4,55 milliards d’années - qui auraient permis la formation des molécules

organiques indispensables à la vie.

Selon leur théorie, la clé du problème des origines de la vie réside en une bonne

compréhension de l’atmosphère primitive de la Terre, constituée d’une part de méthane,

d’ammoniac et de vapeur d’eau provenant du Soleil, d’autre part de gaz carbonique, d’hydrogène

sulfuré et de vapeur d’eau issus du dégazage du manteau terrestre. Les radiations ultraviolettes

émises par le Soleil auraient, en rompant les liaisons chimiques de ces molécules, entraîné la

formation de radicaux libres réagissant très rapidement les uns avec les autres pour donner de

nouvelles molécules de plus en plus complexes et composées d’atomes de carbone, d’hydrogène,

d’oxygène et d’azote.

L’ère de la chimie prébiotique était née.

Cette vision conceptuelle de l’origine de la vie fut testée par Stanley Miller. Il conçut un

réacteur fermé, parfaitement stérile, dans lequel il était possible de faire le vide. Il introduisit dans

ce système de l’eau, du méthane, de l’ammoniac et de l’hydrogène sulfuré. Sous l’effet de la

chaleur produite par une flamme, l’eau est vaporisée et se mélange aux gaz : c’est l’atmosphère

3 thioalcool ou mercaptans : alcool possédant un atome de soufre

9

primitive. Après analyse, Stanley Miller a mis en en évidence la synthèse d’un certain nombre de

molécules organiques, notamment des sucres et des acides aminés.

Toutefois, cette chimie bute sur un certain nombre de problèmes, au coeur d’ardentes

discussions à l’heure actuelle. Et si la surface des océans semble donc, au final, peu propice à la

naissance de la vie, qu’en est-il de ses profondeurs ?

L’hydrothermalisme océanique en serait-il la clé ?

Les molécules organiques ont pu également se former dans les sources chaudes sousmarines.

Sous l’influence des mouvements du manteau terrestre, l’eau de mer s’infiltre au niveau

des dorsales et est portée à des températures avoisinant 350°C. Elle se charge alors en gaz

(hydrogène, azote, oxyde de carbone, gaz carbonique, méthane, anhydride sulfureux et hydrogène

sulfuré), qui proviennent en partie de la réduction des carbonates et des sulfates, éléments existant

dans les roches que l’eau de mer traverse.

Selon la théorie proposée par Günther Wächtershäuser, la vie serait apparue en quelques

fractions de seconde dans un milieu chaud dépourvu d’oxygène mais contenant de l’eau liquide, du

monoxyde de carbone, du sulfure d’hydrogène, du cobalt, du nickel et de l’ammoniac, le tout à la

surface d’un catalyseur solide constitué de sulfure de fer. Or, le sulfure de fer est précisément l’un

des minéraux majoritaires qui composent les cheminées hydrothermales, et les autres composés sont

présents aux alentours immédiats des fumeurs noirs.

1.1.3 - Une vie primitive cellulaire

Le fonctionnement de tous les systèmes contemporains, qu’ils appartiennent au règne

animal, végétal ou fongique, repose sur la cellule.

Trois familles de molécules organiques sont indispensables au fonctionnement des cellules :

les lipides formant les membranes, les acides nucléiques (ADN et ARN) et les protéines

constituées par l’enchaînement des acides aminés.

Pendant des décennies, les chimistes se sont évertués à reconstituer en laboratoire les

molécules indispensables au fonctionnement d’une cellule contemporaine, c’est-à-dire les protéines,

les lipides et les acides aminés.

Les protéines

Dans une cellule, la copie de l’information contenue dans l’ADN est assurée par des

protéines chimiquement actives, les enzymes. Celles-ci peuvent être comparées à des mots

constitués à partir de vingt deux lettres différentes, les acides aminés. Les acides aminés peuvent

être synthétisés en laboratoire dans des conditions simples en utilisant diverses sources d’énergie,

comme le rayonnement ultraviolet, les rayons X, la chaleur ou les décharges électriques. Des acides

aminés ont également été observés dans certaines météorites.

Les lipides

Le support de l’information et l’outil de copie sont fournis par des molécules différentes,

respectivement l’ADN et l’ARN, et les enzymes. Ces molécules sont maintenues à proximité par

une membrane constituée par des lipides. Les membranes ont vraisemblablement joué un rôle

déterminant dans les premières étapes de la vie en évitant la dispersion des molécules dans l’eau.

Les acides nucléiques

L’information génétique qui permet la formation d’une cellule fille identique à la cellule

mère est contenue actuellement dans les acides nucléiques. Ce sont des chaînes très longues,

constituées par la répétition de nucléotides. Chaque nucléotide se compose d’un sucre (le ribose

10

pour l’ARN et le désoxyribose pour l’ADN), d’une base (purine ou pyrimidine) et d’un groupe

phosphate. Malgré tous les efforts déployés, on ne sait pas encore synthétiser un petit fragment

d’acide nucléique dans des conditions prébiotiques c’est-à-dire simples.

Les chimistes cherchent maintenant des systèmes plus simples pour lesquels l’information

moléculaire et le mécanisme permettant d’en faire la copie sont portés par la même molécule. La

vie primitive n’était vraisemblablement pas une cellule complexe, ni même un ARN, mais peut-être

plus simplement une molécule autocatalytique à plusieurs sites capable de transférer son

architecture en faisant, de temps à autre, de petites erreurs. Aux chimistes, maintenant, d’en

démontrer la vraisemblance, à moins que de nouvelles découvertes ne viennent élaborer de

nouvelles hypothèses.

1.2 - De l’évolution

Le terme évolution a désigné et désigne encore plusieurs concepts; il sera pris ici dans le

sens d’évolution biologique : processus par lequel, au cours des âges, se succèdent et s’engendrent,

tout en variant, les espèces végétales et animales.

1.2.1 - Histoire de l’évolutionnisme

Nombreux sont les naturalistes et les philosophes en qui on a vu des précurseurs de

l’évolutionnisme. Pour l’Antiquité, les noms de Démocrite et d’Épicure sont prononcés; pour les

Temps modernes, on parle de Buffon, de Maupertuis, de Diderot. Mais, en fait, aucun n’a eu une

vue précise de l’évolution. Leurs écrits contiennent quelques pensées qui évoquent des principes

transformistes; il ne s’en dégage aucune conception générale de la genèse et de l’histoire des êtres

vivants.

La notion d’évolution biologique n’a pris corps qu’avec les écrits de Jean-Baptiste de

Monet, chevalier de Lamarck (Discours d’ouverture du cours, 27 floréal an X; Philosophie

zoologique, 1809). La pensée de ses prétendus prédécesseurs ne paraît en rien l’avoir influencé.

Et il faudra attendre 1858 pour que Charles Robert Darwin, qui après avoir accompli de

longs voyages sous les tropiques, propose une théorie expliquant la genèse des nouvelles espèces,

tant animales que végétales, par filiation directe et continue. Les individus varient. D’eux ne

persistent que les mieux adaptés, fortuitement, aux circonstances. La sélection naturelle est l’agent

formateur des nouvelles espèces. Les Anglais ignoraient la théorie transformiste de Lamarck; aussi

les idées de Darwin leur parurent-elles extrêmement nouvelles et hardies. Elles furent accueillies

avec faveur par la plupart des naturalistes et par le grand public cultivé.

Mais au cours des vingt dernières années, une inquiétante offensive des créationnistes, est

née; elle n’admet ni l’universalité ni l’omnipotence de la sélection naturelle, et accorde au hasard

une très large part dans la conservation des nouvelles structures.

Théories explicatives de l’évolution

On peut être un évolutionniste convaincu et rejeter toutes les théories prétendues

explicatives de l’évolution. Trop souvent, on confond l’évolution avec le lamarckisme ou le

darwinisme. D’un côté, il y a les faits, et ils sont l’essentiel, et d’un autre les vues théoriques, les

doctrines. La confusion, lourde de conséquences, est entretenue par certains milieux scientifiques

qui oublient que le néo-darwinisme est un système d’hypothèses et non l’expression de la vérité.

Deux doctrines ou plus exactement deux grands courants d’idées prétendent expliquer l’évolution :

le lamarckisme et le darwinisme.

Comme deux phares, Lamarck et Darwin illuminent l’horizon de l’évolutionnisme : leur

puissance attractive est telle que la quasi-totalité des recherches ont été inspirées par l’un ou par

11

l’autre. On peut le regretter, car d’autres voies s’ouvrent à la recherche et à la méditation. De cette

attraction exclusive, la science a sûrement pâti.

Lamarckisme

Cette théorie constate la continuité du règne animal dans la diversité et la filiation parentale

des grandes unités zoologiques comme celle des espèces et que l’évolution s’est déroulée, allant du

simple au complexe. Cette gradation parentale existe aussi bien chez les Invertébrés que chez les

Vertébrés; c’est elle que le naturaliste doit retrouver quand il classe les animaux, l’ordre de

gradation correspondant à l’ordre naturel de production. La production des nouveautés est liée à la

propriété des êtres vivants de changer selon les circonstances.

A partir de ses observations sur les variations individuelles au sein d'une même espèce, J-B

Lamarck en a simplement déduit que les individus s'adaptent à leur milieu. Si les conditions

climatiques, géologiques, changent durablement les êtres vivants transforment leurs corps (mais pas

de manière contrôlée). Un organe peut donc se modifier pour répondre à un besoin. De plus cette

transformation est transmissible à la descendance (hérédité des caractères acquis). Pour Lamarck

ces modifications sont graduelles et non perceptibles à l'échelle humaine.

La philosophie de la nature, les idées de Lamarck n’ont connu ni le succès, ni la diffusion

qu’elles méritaient à cause de l’opposition totale que leur fit Cuvier, alors tout-puissant. Le rejet

actuel du lamarckisme tient surtout à l’incapacité dans laquelle se trouve le biologiste de démontrer

par l’expérience l’hérédité des caractères acquis.

Darwinisme

L’histoire veut que Darwin ait eu la révélation du transformisme, non à la suite de lectures,

mais au cours de son voyage à bord du Beagle (1831-1836), en comparant la faune des îles

Galápagos à celle de l’Amérique du Sud. L’observation des espèces venues du continent et vivant

depuis longtemps dans les îles lui révéla que les espèces ont la faculté de devenir autres.

L'idée centrale de la théorie darwinienne est la sélection naturelle. Elle est le résultat de la

lutte pour l'existence, mais il emploie ces termes au sens large, en incluant l'ensemble des rapports

écologiques qui participent à l'équilibre naturel.

Voici comment :

Les principales idées sont :

 Tout d’abord l’espèce varie, pour une espèce donnée, les jeunes ne sont jamais tout à fait

identiques à leurs parents, ni identiques entre eux..

 L’obtention de races et de variétés nouvelles est le fait de la sélection des géniteurs.

 Dans la nature, plantes et animaux changent grâce à la sélection (sélection naturelle). La

compétition entre individus (lutte pour la vie), qu’ils appartiennent à une même espèce ou à

plusieurs, est le plus souvent provoquée par le déséquilibre alimentaire dont souffrent les

populations naturelles, qui subissent des pertes énormes.

1.2.2 - Valeur explicative des théories

Le grand, et en fait le seul, argument opposé au lamarckisme est la non-transmission des

caractères acquis. Et le darwinisme, quelle qu’en soit la forme, n’explique pas la grande évolution

qui concerne le plan d’organisation de l’embranchement, de la classe, de l’ordre. Il doit borner son

ambition à débrouiller les mécanismes de la formation des espèces.

Du fait de leur caractère aléatoire, les mutations, pour satisfaire les nouveaux besoins liés à

un changement de milieu ou de comportement, doivent être produites en nombre immense, afin que

parmi elles puisse se trouver celle qui convient, et cela à point nommé.

Aucune observation n’autorise à dire que cette éventualité se produit dans la réalité.

12

Jusqu’ici, elle n’est qu’une hypothèse. Le mécanisme de la grande évolution, c’est-à-dire la vraie,

reste à découvrir.

La théorie synthétique et les mécanismes de l’évolution

Plus personne aujourd’hui ne met en doute l’existence de l’évolution, et les conflits ne

commencent que lorsqu’on aborde les mécanismes. En effet, l’étude de l’évolution poursuivie

depuis le 19e siècle à partir des sciences comparées et des fossiles a permis la construction d’arbres

phylogénétiques intellectuellement très satisfaisants. Mais il fallut attendre les progrès de la

génétique formelle, puis de la génétique des populations pour pouvoir proposer des mécanismes

expérimentalement étayés. La difficulté de l’entreprise résidait dans la nécessité d’expliquer des

phénomènes développés sur des dizaines ou des centaines de millions d’années, à partir

d’expériences ou d’observations menées sur quelques semaines, quelques mois ou quelques années.

La théorie synthétique, aujourd’hui la plus généralement admise, s’appuie sur l’idée

darwinienne de la sélection naturelle et considère que la différenciation des catégories

systématiques (taxa) d’ordre supérieur s’est faite par différenciation progressive, selon des

mécanismes analogues à ceux que l’on rencontre au sein des populations. Pour ses partisans, les

mécanismes contrôlant la macro-évolution ne sont pas fondamentalement différents de ceux qui

contrôlent la micro-évolution. La recherche des mécanismes contrôlant l’évolution peut donc être

effectuée expérimentalement, en ce qui concerne les populations, par la génétique des populations

et les modèles proposés confrontés à la réalité paléontologique. Cette théorie, apparue aux alentours

des années quarante, grâce à l’action conjuguée de généticiens de populations, de zoologistes et de

paléontologistes, tels Teissier et Dobzhansky (1937), Mayr (1942) et Simpson (1944), s’est

enrichie de tous les progrès de la biologie moléculaire et de la biochimie comparée effectués ces

dernières années.

En résumé, il semble légitime de conclure que la théorie synthétique de l’évolution, bâtie à

partir de données pour une part purement logiques, a bien résisté à l’épreuve des découvertes des

cinquante dernières années. Ce qui ne veut pas dire que tout soit expliqué. Des lacunes demeurent,

dont certaines seront comblées, mais l’armature reste solide et le rôle du triptyque mutation -

sélection - dérive génétique, bien affirmé.

1.2.3 - L’énigme des germes extrêmophiles

Le terme «extrêmophile» a été introduit vers 1980, pour désigner des bactéries très diverses,

ayant en commun de vivre dans des conditions d’environnement qui sont normalement mortelles

pour les êtres vivants : températures voisines du point d’ébullition de l’eau, sel en concentrations

saturantes ou encore acidité.

Les archæbactéries thermophiles ont réellement repoussé les limites possibles de la vie sur

Terre puisqu’elles occupent des sites qui n’ont rien à envier à l’enfer de Dante. Elles ne sont pas

simplement adaptées aux températures extrêmes, elles ne peuvent pas s’en passer, s’arrêtant de

pousser à des températures inférieures à 70° C. Toutefois, elles peuvent survivre, au ralenti, à basses

températures et, dans ces conditions, elles deviennent, de plus, tolérantes vis-à-vis de l’oxygène. Ce

phénomène doit faciliter leur dissémination, qui se produit essentiellement au cours des éruptions

volcaniques.

Origine de la vie et extrêmophilie: un grand point d’interrogation

La prépondérance du caractère extrêmophile chez les archæbactéries a fait naître l’hypothèse

selon laquelle la vie serait apparue à une époque où les conditions extrêmes étaient la norme. En

particulier, les théories cosmologiques qui postulent la formation d’une Terre primitive beaucoup

13

plus chaude que la Terre actuelle ont conduit de nombreux auteurs à soutenir l’idée d’une origine

thermophile de la vie elle-même, les hyperthermophiles actuels étant les descendants directs des

premiers organismes vivants (O. Stetter, 1992).

Certains biologistes pensent que la vie a pu apparaître dans les sources hydrothermales sousmarines,

à l’abri du bombardement météoritique et du rayonnement ultraviolet intense qui

prévalaient au cours des premiers huit cents millions d’années d’existence de notre planète.

L’origine thermophile de la vie est effectivement supportée par des travaux d’évolution moléculaire

qui suggèrent que l’ancêtre commun à tous les êtres vivants se confond avec celui des

archæbactéries thermophiles. Toutefois, ces analyses sont controversées. En fait, la date précise de

l’apparition de la vie sur Terre, la nature du premier biotope et, plus encore, sa température sont

autant d’inconnues. La complexité de certains systèmes mis en jeu pour survivre à très haute

température, fait penser que ces micro-organismes ne sont pas vraiment primitifs, mais qu’ils ont dû

au contraire inventer de nouveaux mécanismes pour pouvoir s’adapter à des conditions nouvelles.

L’origine des thermophiles reste donc un mystère, et il s’agit là d’un débat d’actualité pour les

évolutionnistes.

Quoi qu’il en soit, l’existence des archæbactéries témoigne de la capacité extraordinaire des

êtres vivants pour conquérir tous les espaces disponibles à la surface du globe. Leur étude

réconforte les exobiologistes qui espèrent découvrir des formes de vie sur d’autres planètes, en

montrant que les conditions d’apparition et de développement de la vie ne sont peut-être pas aussi

restreintes que l’on a pu autrefois l’imaginer.

1.3. De l’odyssée

La découverte des premiers restes d’hommes préhistoriques, dans les années 1820, mettra

rapidement en jeu trois nouvelles conceptions : celle de l’histoire de la Terre, avec la notion de

l’immensité des durées; celle de la nature, avec l’avènement du transformisme s’opposant à la

permanence des espèces et celle de la place de l’homme dans la nature, au voisinage immédiat

des grands singes. La convergence de ces trois thèmes, qui connurent vers la fin du XIXe siècle un

formidable essor, constitue la trame même de l’histoire biologique de l’homme, dès lors

indépendante du «sentiment de l’existence de quelque chose qui dépasse infiniment l’homme».

Ainsi, quelles que soient les préoccupations métaphysiques, l’homme est peu à peu perçu

comme le produit d’une histoire.

Les précurseurs

Contemporains des derniers dinosaures, les premiers vrais mammifères apparaissent il y a

presque 70 millions d’années. Après la disparition des grands sauriens, les primates occupent

toutes les niches écologiques laissées libres, ils évoluent et se diversifient.

Il y a dix millions d’années se produit un phénomène : une lignée de primates donne

« naissance » aux premiers pré-humains. En Afrique, de part et d’autre du grand rift, la vie va suivre

des chemins différents. Les grands singes se trouvent séparés en deux groupes par cette faille. A

l’ouest, ils deviendront nos proches cousins ; à l’Est, naîtra bientôt un nouvel être : l’homme.

En effet l’immense majorité des fossiles pré-humains connus à ce jour provient du continent

africain, offrant la séquence la plus complète de l’évolution de notre espèce.

A quatre pattes dans les hautes herbes, il ne sait plus où il va, pour mieux voir, il se dresse

surs ses pattes arrière, la longue marche commence vers la nourriture, vers de nouveaux abris. Il se

lève, ce nouveau mode de locomotion s’appelle la bipédie : de mieux en mieux maîtrisée et elle sera

utilisée de manière permanente.

A l’heure actuelle Toumaï est le plus ancien pré-humain découvert à ce jour (sept millions

d’années). Mais sa découverte pose plus de questions qu’elle n’en résout. Comment le classer avec

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précision dans l’arbre phylogénétique des pré-humains, a fortiori dans celui des ancêtres des

hommes ? Le voyage entre le Rift et le Tchad lieu de sa découverte a-t-il réellement eu lieu. ?

N’est–il pas né tout simplement au Tchad ?

Au Kenya est découvert Orrorin : un hominidé ayant adopté la bipédie et certains caractères

humains ; il constitue peut-être l’un des vestiges de la dernière divergence entre les lignées des

singes et des hommes.

Les pionniers africains

Deux millions d’années s’écoulent. La sécheresse s’étend sur le continent africain, ouvrant

les larges espaces de la savane. Les premiers successeurs des pré-humains ont dû s’adapter à cette

pression climatique constante alors que de nombreuses espèces animales et végétales ont disparu.

Parmi les survivants à la crise climatique, plusieurs groupes d’hominidés se répandent du Tchad à

l’Afrique du sud : les Australopithèques, dont fait partie Lucy. Les principales innovations

développées par eux sont l’exploration de la bipédie et l’utilisation des premiers outils en pierre.

Changeant d’alimentation, ils deviennent omnivores.

Apparaît ensuite le premier véritable représentant de l’espèce humaine : Homo habilis, il est

doté d’une intelligence et d’une conscience qui guident ses pas et le mènent vers la fabrication

d’outils élaborés. La grande innovation n’est pas d’utiliser un outil, les chimpanzés le font. Le

véritable prodige réside dans l’acte même de créer un outil et surtout de transmettre le savoir.

L’enseignement devient l’un des pivots de la culture.

Puis l’Homo erectus apparaît, il utilise la force du groupe, il s’organisme et se spécialise. Il

émet aussi des sons, il dialogue. Puis il quitte l’Afrique pour aller en Asie et en Europe.

L’humanité franchit une étape essentielle grâce à la véritable révolution culturelle qu’est la

domestication du feu

L’autre humanité

Piégés par les glaciations, les Néandertaliens vont s’adapter au froid. L’adaptation va le

doter de caractères spéciaux, mais ils évoluent en vase clos et établissent une culture très spécifique.

Ils apprennent à se protéger en couvrant leur corps de peaux et de fourrures, les premiers vêtements.

De tous nos ancêtres, ce sont les plus endurants, les plus puissants et ils disposent d’un outillage très

diversifié ; lames, bifaces, couteaux. Ils sont considérés comme des brutes primitives si leur cerveau

étonne par sa modernité, leur visage dérange. Tous les sites ayant relevé leurs traces sont des

cavernes judicieusement choisies en fonction de l’exposition au soleil, des vents dominants et

parfois de leur situation.

Ces caractères typiques montrent qu’ils ne doivent pas être considérés comme des formes

primitives de l’homme moderne mais comme une branche distincte de l’arbre évolutif des

Hominidés, une évolution parallèle à la nôtre, mais séparée.

Ils ont déjà une perception de l’Au-delà, ils enterrent leurs morts avec des rites funéraires.

Ce comportement implique les notions de deuil, c’est la naissance de l’angoisse métaphysique, ils

se posent déjà la question de la signification de leur existence.

Les Néandertaliens s’éteignent il y a 25000 ans, leur fin est biologiquement naturelle. Avant

de disparaître, ils ont côtoyé Homo sapiens pendant des millénaires, ils ont sans doute été fascinés

par leur apparence et leur façon de vivre.

Nos semblables

Les hommes de l’espèce Homo sapiens sont souvent désignés sous le nom d’hommes de

Cro-Magnon. Ils migrent partout sur la planète, ils marchent jusqu’en Amérique, par le détroit de

Béring et même jusqu’en Australie. Ils disposent d’une technologie avancée, utilisent toutes les

ressources disponibles, toutes les matières offertes par la nature, aussi bien pour la nourriture et les



29/05/2007
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