NAUVOO LODGE

Le retour des dieux païens

Plutôt que de parler de "résurrection" forcément connotée, la mondialisation et la fin de la théocratisation des sociétés occidentales permettent l'émergence des religions du renouveau.  Plusieurs visites sur la toile m'ont permis de forger ma réflexion sur ces fois à l'origine ancienne qui réapparaissent sous des formes contemporaines. Le new-age est certainement passé par là mais on s'aperçoit que les néo-paganisme sont de plus en plus dogmatisées et abandonnent l'expérience émotionnelle des origines pour une croyance fondamentale, individuelle, conceptualisée et - j'irai jusqu'à dire - théologique. L'organisation de ces groupes autrefois marginaux commence à attirer l'oeil du législateur qui les classe souvent comme groupes sectaires (je rappelle qu'à mes lecteurs que le mot "secte" n'a aucune définition juridique et reste difficile à définir sociologiquement). Même s'il s'avère vrai que certains de ces groupes ont des comportements dangereux, j'occulterai momentanément cet aspect pour essayer de comprendre cette tendance.

Pour connaître un peu le fait religieux dans l'histoire, la majorité des religions empruntent des substrats tribaux, les mêlent à divers influences philosophiques et adaptent les révolutions mystiques au fait institutionnel. Les exemples ne manque pas et, pour ne me fâcher avec personne, je laisse aux plus avertis le soin de faire l'exégèse des grandes religions. Il en va de même pour ce "néo-paganisme". La Wicca (comprenez la religion des "sorcières" basée sur la croyance en un principe de polarité entre le masculin [Dieu Cornu] et le féminin [Grande Déesse]) n'est qu'un vaste syncrétisme des croyances païennes. Toutefois, elle est belles et bien une religion moderne tant  par les concepts sur lesquels elle se base n'ont plus rien à voir avec la compréhension du monde anciens. En effet - et pour reprendre mon exemple de la Wicca - ce concept de polarité n'a jamais existé dans les religions païennes. Si les dieux avaient des épouses, la complémentarité ne fait pas l'égalité. Au fond, la Wicca est autant dualiste que l'être le christianisme. Pour parler d'une autre foi et de sa part de modernité, il suffit d'évoquer le kémitisme (religion des anciens égyptiens). Lorsque l'on sait que la religion égyptienne se basait principalement sur les cycles du Nil et que sa cosmogonie repose sur des peurs endémiques à l'Egypte antique, j'imagine mal ce qu'un français des Ardennes peut bien ressentir dans son culte. Malheureusement dans notre monde superficiel, la religiosité prime sur la religion et le rite importe plus que la sagesse.

C'est bien une théologie, des dogmes et une autre interprétation de ces croyances séculaires qui donnent aux religions néo-païennes une portée renouvelée. Car en effet, elles ne semblent plus attirer qu'uniquement les passionnées d'histoires ou les personnes désireuses d'expérimenter une nouvelle spiritualité mais bien des fidèles, des croyants pour qui la religion de naissance n'est plus authentique et qui ne distinguent plus vraiment la communauté dans l'institution. A cela, s'ajoute une perception du Moi et du monde somme toute adolescente : on entend se métamorphoser par son environnement et incliner selon une volonté subjective. Mais je n'ai pas cette critique que pour le néo-paganisme, la superstition obéit au même ordre.