NAUVOO LODGE

NAUVOO LODGE

Le Secret

 

La parole que tu n'as pas dite est ton esclave
La parole dite est ton maître

(Thhacite V,24)



 

QUELQUES MOTS EN GUISE D'INTRODUCTION.

Une conférence ne se lit pas mais s'improvise à partir d'un simple plan : le lecteur voudra donc bien me pardonner le style quelque peu relâché de ce Plan en se souvenant qu'il est destiné à l'oreille et non à l'oeil.

Il y a une étroite similitude entre les mots « secret ', (secretum), silence « silencum ', « sacré ' (sacratum) : il s'agit dans les uns et dans les autres cas de ce qui est mis à part (secernere), d'où la racine commune « secretum '.

Dans le même ordre d'idée, le Secret à un caractère Sacret. On trouve un lien étymologique avec le sacrifice : sacrifier, c'est « sacrum facere ', rendre sacré l'objet d'un sacrifice que l'on mange et/ou brûle, qui est noyer ctc.noyé etc. En avalant cette nourriture, ou en humant le fumet, ont sacrifie aux dieux et aux divinités. Les mortels tissent des liens avec le divin par

*TRANSSUBSTANTIATION. Le mortel se sanctifie par cette relation, il est devenue sacré par osmose. La **CONSECRATION d'un prêtre est un sacrifice. Les fumets des aruspices sacrificiels ou des extispices (lecture divinatoire des entrailles) de l'ancien Rome en témoignent.
Les sentiments du secret appartiennent à un domaine séparé, profane. Il est, par nature intangible et inviolable. Comme un tabou. Ils sont, l'un et l'autre une frontière, un mur d'ordre psychologique, infranchissable.

Le secret, le sacré, le silence et le sacrifice, mais aussi le ***MASQUE sont ressentis inconsciemment comme insolite et insondable. Il devientinsolites et insondables. Ils deviennent une matrice de forces du type magico-religieuse. Généralementmagico-religieuse ; généralement de caractère archétypal. Suivant les circonstances, il peutils peuvent devenir un objet devé vénération et/ou de crainte.

Il inspireIls inspirent toujours crainte et respect. En changent de plan, il changeils changent de nature, il quitteils quittent le profane, le bruit et l'illusoire, pour le silence, le secret, l'introversion, la contemplation, la quête du monde du mysticisme. (Le mystique n'est pas obligatoirement religieux. L'entité déiste n'est souvent qu'un support).
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NOTA :

*TRANSSUBSTANTIATION : n. f. (lat. transsubstantiatio = de trans, au-delà et substantia = substance). En religion, changement, transformation de la substance. (Du pain et du vin en celle du corps et du sang du Christ). La Transsubstantiation est lié à l'idée d'un échange au niveau de l'énergie créatrice ou de l'énergie spirituelle :.

** En évoquant la « Consécration ' lors d'une messe, Calvin parlait d'anthropophagie ...

*** Le MASQUE veut être un révélateur du Secret. D'une Vérité toujours interprétée, donc généralement illusoire. (Les comédiens, Les masques funéraires, masques et idoles religieux, etc.).

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LE SECRET ...


« ... car la parole est tout. Elle coupe, elle écorche, elle
modèle, elle module. Elle perturbe, elle rend fou,
elle guérit ou tue net. Elle amplifie ou elle abaisse
selon sa charge, elle excite ou calme les âmes '.

Proverbe Bantou.


Nous ne parlerons ce soir que de la quête mystique du secret. En effet, le secret a mille visages que des bibliothèques entières ne suffiraient pas à en décrire toutes les arcanes. Dans cette loge de Maîtres Secrets, il m'a semblée opportun d'évoquée un aspect du secret, celle d'une quête mystique, à défaut d'autre secrets d'ordre profanes. Cette quête mystique ne se veut pas exclusivement religieuse, mais métaphysique en général, celle qui a trait aux mystères cachés, ceux enfouillis au tréfonds de notre coeur.

Le secret est un livre ouvert mais ne savons plus y lire. La prière, la méditation, ou simplement la contemplation contiennent toujours cet élément de solitude silencieuse, car toute les voies ascétiques passent par ce chemin.

Pour reprendre une terminologie empruntée à Claude Lévi-Strauss, on peut dire que le secret est synonyme de silence, il porte en lui la pureté donc l'inabordable.

Mais il ajoute que toute culture est en rupture totale avec le silence. Le passé humain est d'abord bruyant à l'instar de l'enfant qui vint de naître. Mille chose attire sontchoses attirent son regard, son attention, sa curiosité. Bruits des cours et bruits scolaires, jeux innocents puit etpuis jeux sérieux d'existence, ouoù la connaissance acquise peut faire acte de barbarie féroce ou progrès fulgurant.

Puis vient enfin l'age de la réflexion, de la méditation, de la contemplation. Jésus, Moïse, Mahomet et bien d'autres prophètes, ont conseilles de s'enfermer dans sa chambre puitpuis dans le secret le plus profond de son coeur. Aux ermites, ils conseillent la fuite dans le désert. (Comme Charles de Foucault). Tous les maîtres spirituels nous appelle appellent au secret, au silence, à la contemplation d'une vie d'expérience, pour rencontrer enfin l'AUTRE qui n'est autre que soit même.

Car enfin voilà des oasis de silence qui surgissent : les monastères trappistes, (La Chartreuse)trappistes (La Chartreuse), des ermitages ou les grottes. Tous les prophètes enqui ont fait l'expérience ledu renoncement matériel de saint Jean de la Croix,tous affirment que le silence est plein d'une présence cachée mais bien réelle.

Autrefois, toutes les règles monastiques imposaient, pour aider l'union à Dieu, un « grand silence ', qui commençait le soir après les complies pour se terminer le matin après l'heure de tierce.

Tout le monde a un jardin secret. Un jardin ouoù le secret est toujours synonyme de silences. La voix du secret n'appartient ni au savoir ni au sens. Il investit et fait exploser les vocables, les significations. Il ne se trouve pas enfermé derrière les lèvres muettes d'un confident ou à l'intérieur d'un sanctuaire.

Le livre du secret se lit les yeux fermés. Il se GOûTE comme disent les soufis. Il exige que l'on passe de la vue à la vision. Le secret n'est pas ce qu'on saisit par le trou de la serrure, comme fit le mortel Raymondin épiant sa femme Mélusine dans son bain, ni en se procurant la clef du cabinet sanglant de Barbe-Bleue ; ni même ce qu'on découvre à la lueur d'une lampe, telle Psyché se penchant sur son amant nocturne.

Il faut conserver jalousement le secret. Le voyeur profane, le curieux est toujours un voleur bredouille : Mélusine quitte à tire-d'aile le château de Lusignan pour n'y plus revenir, le réduit sinistre de Barbe-Bleue ne s'ouvre que sur des cadavres de femmes, et éros surpris, courroucé, échappe aussitôt à Psyché.

Apprivoiser les secrets ? L'être s'approchera avec délicatesse et révérence sans vouloir attenter au mystère des choses. Dès lors on passe le seuil du sacré et en même temps on s'avance vers le silence, vers l'amour, vers la Lumière, vers une sagesse cosmique tant recherchés.

Le secret est la voix de l'âme, non point de l'interdit. C'est la voix de l'inouï. Il est lié à la transcendance et à l'intériorité. Il est à la fois ce qui signe en nous la liberté humaine, la singularité, et ce qui nous relie au Divin. On pourrait l'appréhender comme une sorte de serment, de pacte fondamental qu'on ne saurait rompre.

Le secret n'appartient ni au savoir ni au sens. Il investit et fait exploser les vocables, les significations. Il ne se trouve pas enfermé entre les pages d'un livre, derrière les lèvres muettes d'un confident ou à l'intérieur d'un coffre fort.

Le secret ne fait pas de bruit, il n'a rien à voir ni avec le superficiel ni avec le sensationnel dont se repaît le vulgaire. Les cachotteries, les mensonges, les affaires louches, les taches d'une existence sont aux antipodes du secret mystique et pure. Le faux secretpur. Le faux secrets représentent la peur, la honte, ce qu'il faut dissimuler à tout prix, ils pèsent comme une malédiction. De ces faux secrets, de ces mauvais secrets on se sent otage et non point dépositaire.

Le secret n'est pas ce qui peut être réprimé ou révélé mais ce qui résiste à toute prise. Le secret n'est pas un non-dit, il échappe au dire. On tentera de mettre la main ou un mot sur le secret en évoquant les arcanes, les nombres, la gnose, l'ésotérisme et l'hermétisme.

Le secret par sont silence est-il donc le franchissement de la limite, cette catharsis rédemptrice devant l'étouffement de nos tâches et de nos relations, ce néant qui permet tout le reste ? Chacun peut en faire ce qu'il veut, puisque le silence s'expérimente, mais ne se dit pas.

Toutefois, à envisager strictement le problème, peut-on se TAIRE complètement ? Hormis les faux silences, qui ne sont que bavardages avec soi-même, - ou les autres - les techniques orientales, par exemple, provoquent-elles le silence total ? (Le Zen ?).

Le silence des espaces infinis, qui effrayait tant Pascal, peut-il être absolu ? Le secret, c'est-à-dire le silence n'est-il pas simplement admettre l'absence de réponse à nos questions, cette intelligibilité des choses et des êtres ? Alors peut-être le manque de ce que j'attends, l'effort du langage pour sauter par-dessus mon ombre et pousser enfin le cri infini, insondable, comme le dit Ludwig Wittgenstein, « qu'il y a du mystique ', mais en sachant bien que de « ce dont on ne peut parler il faut le taire '. Saurait-on pour autant y trouver la garantie d'une présence ?

Comme bien des prophètes ont on fait l'expérience, la gloire du mystique est de devenir à l'égal de Dieu. Ce secret tient du grand retrait, du retournement intérieur : en ce lieu introuvable, en ce point utopique du coeur.

Dieu alors devint son ami, ils échangent leurs habits et deviennent indémêlables ; c'est Dieu qui a pris toute la place dans « l'âme anéantie ' du mystique. « Il« Il n'y a que Lui sous ce manteau ', déclarait avec une magnifique audace un Soufi, revêtu du vêtement de laine en loque de la confrérie.

On parlera des sociétés secrètes discrètes, de la Kabbale, de la Magie et l'Alchimie, ou de Franc Maçonnerie, mais aussi des « tours de main ' qu'on ne peut acquérir dans aucun livre et qui s'appliquent aussi bien aux recettes de cuisine qu'aux gestes du compagnon et aux opérations alchimiques.

On y ajoutera divers secrets de fabrication (pour les parfums, pour les vitraux), le secret professionnel à quoi s'engage par exemple le médecin, le secret de la confession...

Mais voici : qu'il soit occulte, séparé, réservé à très peu, murmuré ou muet, le secret ne se réduit à aucun de ces domaines de la connaissance ou de la pratique. Il serait plutôt ce fil, ce filigrane qui court à travers le monde et qui, comme l'envisageait Rabbi Siméon, lui donne subsistance.

Au fond, ce qui demeure le plus important, ce n'est pas de saisir un ou des secrets, parce que nous tombons alors dans la convoitise et la profanation, non, c'est de garder le sens du secret, d'avoir le goût du secret.

Dans un monde où l'individu est nié et dissous dans la masse, où l'idéologie de l'information forcenée et de la science bienfaisante (comme la médecine) s'avoue comme un perpétuel attentat à la pudeur des choses et des êtres, le sens du secret me paraît de plus en plus menacé. Je repense à ce que Bernanos disait en 1947 de la liberté: «La pire menace pour la liberté n'est pas qu'on se la laisse prendre (...) c'est qu'on désapprenne de l'aimer, ou qu'on ne la comprenne plus '. Et sans nul doute le goût du secret et l'amour de la liberté vont de pair : ils représentent la part réservée, souveraine, de l'Individu ; ce roc d'éternité, de légèreté, sur quoi bâtir sa maison intérieure.

Il faut savoir couver son secret comme un feu personnel. Les images de coffre et de tombeau qui s'attachent au secret bien gardé n'ont rien de funeste, elles évoquent ce qui mûrit et se transforme à l'abri des regards avides. à l'intérieur du coffre, non seulement le trésor se conserve mais il fructifie. Le secret bien gardé bénit et enrichit la personne qui le porte, comme une femme porte en son ventre un enfant. Le secret s'apparente en effet à la grossesse de l'être, dont il permet la croissance intérieure pour une nouvelle naissance.

Le secret de la connaissance, masquermasqué du voile du silence creux,il c'est un pur diamant aux milles facettes. Des facettes aux reflets chatoyants qui sont autant de vérités pour les cherchants. Bien des efforts et milles voix sans wwwwwissu aux mille serontissue attendent les candidats à la quête nécessaires voies d'undu vase du Graal. Seuls très peut atteindronspeu atteindront la Lumière. Par son silence il saitleur silence ils sauront travailler inconsciemment sur cette foule de matrices (les achetypes) qui nous gouvernent,archétypes) qui nous gouverne une vie entière et nous façonnent lentement, à notre rythme psychologique, vers la Lumière
Lumière.

Le Livre est ouvert mais nous n'avons plus besoin d'y lire : le mystique, le prophète se sont mis, a le lire. Ils sont devenu Livre eux mêmes, avec les bras ouverts, ils caressent les mystères infinis. Le secret souffle sur lui, sur ses mots, sur sa marche et soulève ses paupières sur un amour lointain, un amour de si loin venu. Et lorsque l'homme-livre se tait, lorsqu'il semble dormir, le secret le garde.



27/05/2007
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