NAUVOO LODGE

NAUVOO LODGE

Le temple maçonnique au R.°.E.°.A.°.A.°.

MÉDITATION ÉCOSSAISE
LE TEMPLE MAÇONNIQUE AU R. E. A. A.'
Le Temple maçonnique au REAA
Le Temple, au rite écossais ancien accepté est d'abord le « Temple de la Lumière ».
Il est ensuite le « Temple de Salomon »
Pour être enfin le « Temple de Maître Hiram ».
Le « Temple de la Lumière »
Il est manifeste que le Temple maçonnique est le Temple de la Lumière. Pour s'en convaincre, il suffit de se souvenir du jour ineffable où nous l'avons reçue. Debout entre les Colonnes du Temple, lorsque le bandeau qui recouvrait nos yeux est tombé, c'est effectivement l'aveuglement provoqué par la Grande Lumière qui nous était donnée qui a le plus fortement impressionné notre mémoire. Parfois, certains ateliers poussent la subtilité jusqu'à procéder à cette illumination en deux étapes, donnant la Petite Lumière, avant la Grande et préparant ainsi, tout en la rendant plus marquante, l'illumination de ce dernier, don suprême de l'Initiation.
Aussi bien de cet observatoire que constitue l'espace compris entre les colonnes, les symboles qui la présentent sont nombreux et multiformes. Sur la droite de la Voûte céleste, le symbole du Soleil rappelle le Dieu égyptien Osiris dont le nom signifie « Oeil du Soleil ». Lui faisant face, la Lune, symbole d'Isis évoque la Lumière réfléchie, qui lorsque Osiris a disparu à l'horizon, vient encore éclairer certains soirs les Hommes et rendre la vie possible.
Entre les deux, l'oeil qui se trouve au centre du triangle flamboyant, est celui d'Horus, le Dieu de la lumière intérieure.
Ainsi Osiris éclaire le jour, tandis qu'Isis éclaire parfois la nuit et qu'Horus nous éclaire en toutes circonstances.
Il est évident que ce dernier symbole, rapproché des deux premiers, nous fait franchir un degré dans la signification symbolique, car cette lumière intérieure ne peut être une lumière physique. Elle est une lumière spirituelle, celle de l'Aine, ou plus précisément celle de la connaissance qui illumine notre pensée. Grâce à ce symbole du triangle flamboyant, nous passons de la « Lumière » à l' « Illumination ».
La symbolique traditionnelle du rite écossais ancien accepté est encore plus riche que cela, car, traditionnellement, à ce rite, le triangle flamboyant contient au lieu de l'oeil d'Horus, le tétragramme biblique.
Il est intéressant de noter le sens traditionnel et cabalistique de ces lettres. Le Iod représente le principe de toute chose.
On peut le rapprocher du symbole formé par un point au centre d'un cercle, le point représentant l'unité-principe de toute chose et le cercle l'éternité de sa durée.
Les trois dernières lettres du tétragramme « HE VAV HE » ont pour les cabalistes une signification précise, le VAV étant la lumière intelligible, qui alors se trouve placé entre deux HE pour constituer avec eux un verbe unique équivalent à notre verbe « être » au sens de « être-étant ».
Selon la tradition écossaise la plus ancienne, tous les 33e  devraient porter un sautoir sur lequel le Triangle flamboyant serait flanqué en son centre du Tétragramme biblique. Il en reste celui de nos Grands Commandeurs qui sont en effet ornés de cet emblème.
Le Tétragramme biblique joue un rôle important dans la symbolique écossaise. Avant 1786 environ, il évoquait la Parole Perdue, que depuis cette date beaucoup de Rituels ont remplacé par le Tétragramme christique.
Pour en revenir aux premières de nos considérations, il résulte clairement de ce qui précède que la lumière que nous donnons aux jeunes apprentis au cours de l'Initiation n'est pas seulement un symbole, mais a la valeur d'un acte de création. Il s'agit de la création de l'homme nouveau, fruit de la Lumière intérieure et qui conduit à Illumination par et au delà de la connaissance.
Le « Temple de Salomon »
Il est bien connu que Salomon fut un Roi d'Israël. Il obtint la succession du Roi David, contre son frère Jéroboam. Son règne marqua l'apogée du royaume d'Israël. Il fit un excellent mariage avec la fille du Pharaon, consacrant l'alliance avec l'Egypte qu'il compléta par celle avec le Roi Hiram de Tyr et, plus tard, avec le royaume de Saba, dont il devint amoureux de la Reine.
Il entreprit la construction d'une flotte, réalisa celle du Temple de Jérusalem qui allait devenir le centre de ralliement des Peuples Hébreux et un enjeu toujours actuel.
Il construisit aussi un somptueux Palais, de nombreuses places fortes, entretint une armée importante dotée d'une cavalerie et de chars, et, signe de prestige, un Harem de plusieurs centaines de femmes, ainsi qu'une administration importante.
Si Salomon fut cela, il ne fut pas que cela.
On lui attribue de nombreux écrits, parmi lesquels le Cantique des Cantiques, hommage à la beauté et à l'Amour, est le plus célèbre. Mais il est réputé être aussi l'auteur de l'Ecclésiaste, du livre des Proverbes, de celui de la Sagesse ainsi que de Psaumes et d'odes parfois qualifiés d'apocryphes.
Il est également réputé avoir construit sur le territoire du Royaume de Jérusalem de nombreux autres Temples que celui dit de Jérusalem, moins somptueux que ce dernier, mais élevés à la gloire de divinités autres que le Dieu des Hébreux, dieux égyptiens, grecs et autres. D'ailleurs à l'intérieur même du Temple de Jérusalem, des statues élevées à la gloire de ces autres Dieu ne manquaient pas. Ainsi Salomon était, bien avant Vatican Il, un précurseur de l'oecuménisme religieux et, en la matière, un adepte de la Tolérance.
La légende universelle fait de lui un très grand magicien, de cette Magie venue de la Chaldée et toute mâtinée d'astrologie.
La légende juive fait de lui le fondateur de la Cabale, dont l'origine véritable remonterait à Moïse tandis que la légende arabe fait de lui, sous le nom de Soliman le magnifique, le prince de Djinns, et que les Bohémiens ainsi que les peuples du Voyage lui attribuent l'invention des 22 lames du Tarot, ce jeu de cartes universelles qui sert de base à la prédiction de l'Avenir et que les Magiciens, tant du Moyen Age et de la Renaissance que de nos jours continuent d'utiliser.
On lui attribue également toutes sortes de formules et de Pentacles, connus sous le nom de clavicules de Salomon, servant soit à conjurer le mauvais sort, soit à assouvir les désirs de vengeance ou à faire se réaliser les ambitions secrètes.
L'un de ces Pentacles, parmi les plus significatifs et dont le sens invite à la recherche de la lumière lorsqu'on est dans l'ignorance est la fameuse étoile à cinq branches qui brille dans nos temples. Elle est connue du monde profane, tantôt sous le nom de sceau de Salomon, tantôt sous celui d'étoile de David, alors que celle à six branches, formée des triangles équilatéraux enlacés porte le nom de bouclier de David ou encore parfois celui de sceau de Salomon. Il est singulier de constater que si le bouclier de David est devenu le symbole de l'Etat d'Israël, le sceau de Salomon à cinq branches est devenu le symbole de nombreux Etats de tradition culturelle judéo-chrétienne, y compris l'Union Soviétique qui l'avait renversé, ainsi que celui de la plupart des Etats de culture musulmane. Les enfants d'Israël, ceux d'Ismaël et ceux de Jésus se proclameraient-ils ainsi tous héritiers de Salomon ?
Plusieurs ouvrages ont raconté la vie de Salomon. Outre, le premier livre des Rois de la Bible et cet autre livre biblique qui porte le nom des Paralipomènes et qui constitue la chronique du règne de Salomon et relate la construction du Temple, il existe de nombreux écrits coraniques et des ouvrages modernes de compilation dont l'un des plus infidèles en ce qui concerne la chronologie des faits, mais des plus remarquables, en ce qui concerne la qualité et la précision des références bibliques et coranique est l'œuvre du poète et romancier français Gérard de Nerval, tandis que, plus près de nous, l'ouvrage de l'historien, ambassadeur de France et académicien, le Marquis Melchior de Vogüé, reprend l'étude technique du Temple en se fondant sur les fouilles qu'il dirigea sur le site même où il avait été édifié.
Précisons enfin pour être plus complet et sans pour autant ternir la mémoire de ce personnage de légende que fut Salomon, l'un des plus grands de l'Antiquité, que son règne somptueux fut l'un des plus ruineux pour l'Etat d'Israël et qu'il contribua plus que tout autre à sa disparition.
Ainsi le Temple maçonnique est celui de Salomon. C'est pourquoi le Frère qui préside aux travaux qui se déroulent en son sein est assis sur son trône et l'on peut affirmer que le Rite Ecossais Ancien Accepté est plus que les autres, à l'exception de celui de Memphis-Misraïm, proche de la plus ancienne tradition en la matière en raison de ce que de nombreux degrés de ce rite sont consacrés à l'étude de cette question.
Mais si Salomon eut le mérite de faire construire le Temple, la réalisation en revient à notre maître à tous : l'Architecte Hiram. Tout spécialement pour nous, le Temple de Salomon est aussi celui d'Hiram.
Le « Temple du Maître Hiram »
La vie de notre Maître Hiram est trop connue des Maçons pour qu'il soit nécessaire de l'évoquer à nouveau. On sait que Gérard de Nerval, dans «Le voyage en Orient», fit de lui un héros de roman et que prenant des libertés considérables avec la vérité historique, il imagina qu'Hiram aurait pu être l'amant de la Reine de Saba, qui, elle, aurait fait le voyage à Jérusalem à l'époque de la construction du Temple. Cette liaison amoureuse aurait alors provoqué la jalousie de Salomon, dont les agents secrets auraient été les véritables assassins d'Hiram. Gérard de Nerval se faisait ainsi l'écho d'une ancienne légende qui avait opposé la maçonnerie dite hiramite à celle dite adonhiramite.
Cependant l'ambiguïté du personnage historique d'Hiram n'est pas moindre que celle de Salomon. Elle tient en partie à son nom.
C'est en effet sous le nom d'Adoniram et de chef de corvée et non d'architecte que le désigne le livre des Rois. Mais cela est sans importance, car Adoniram signifie tout simplement Maître Hiram et fait ainsi de lui le véritable patron de la construction du Temple.
Pour se convaincre de cela, il suffit de se reporter à une note que Chouraqui, l'un des plus grands hébraïsant de notre époque, a consacrée aux noms du divin dans la Bible, note qu'il a insérée dans la traduction qu'il en a écrite.
Il précise en effet, que bien que le peuple hébreu ait cru en un Dieu unique, les noms bibliques désignant la divinité sont des noms pluriels qu'il s'agisse tant d'Elohim que d'Adonaï, le Tétragramme biblique n'étant pas le nom de Dieu proprement dit mais celui de l' «Indicible ».
Adoniram est donc bien le résultat d'une contraction entre Adon, singulier d'Adonaï et Hiram, nom de notre Maître.
Cette note ne justifierait pas qu'on s'y attarde davantage, si elle n'avait le mérite d'ouvrir des horizons nouveaux à la réflexion sur la nature de la religion hébraïque au temps de Salomon, ce que j'ai appelé au paragraphe précédent : l'oecuménisme de Salomon.
Car on peut penser que, dans sa forme initiale, la religion hébraïque, fille probable de la religion égyptienne dédiée au Dieu Aton ne postulait pas le monothéisme de façon absolue en présentant la divinité plutôt comme un ensemble d'entités hiérarchisées que comme un être unique, cela un peu à la manière de la religion égyptienne d'où elle était issue ou de la religion grecque, assez proche de l'égyptienne.
C'est pourquoi il n'est pas possible d'évoquer le mythe d'Hiram sans évoquer également et comme par digression, celui du Grand Architecte de l'Univers, symbolisé chez nous par les cinq lettres du G... A ... D... L'U..., auxquelles, à ma connaissance, le R... E... A... A... n'a pas donné la signification dogmatique de « Dieu » et a conservé le caractère d'un symbole.
Il s'ensuit que, bien qu'Hiram soit qualifié de Maître par la Bible au même titre que Dieu, ou plutôt précisément pour cette raison, je vois de nombreux arguments contre l'assimilation du G... A ... D... L'U... au Dieu unique que postulent certaines religions révélées. Je voudrais les évoquer brièvement en guise de conclusion.
Le premier de ces arguments, je l'emprunterai à Proudhon parlant de la Théologie de la « Loge». Lui qui fut initié avant 1877, précise, dans son ouvrage célèbre « De la Justice dans la révolution et dans l'Eglise » tome 3, qu'elle est exactement à l'opposé de la devise des Jésuites, le fameux « Ad majorem dei gloriam ».
Il explique : « La devise maçonnique, «A la gloire du Grand Architecte de l'Univers » est le contre-pied de celle des Jésuites, qui signifie «Pour la plus grande gloire de Dieu », c'est-à-dire la plus grande gloire de l'absolu, c'est-à-dire la plus grande gloire de l'absolutisme.
Et il ajoute que cette théologie maçonnique se résume dans la prépondérance de l'idée sensible sur le concept métaphysique et absolutiste, idée dont la représentation la plus complète est celle de la notion d'équilibre, que symbolise entre autres, le Triangle flamboyant, flanqué en son centre de l'oeil d'Horus.
Le second argument, je le prendrai dans l'étymologie du terme « architecte », car c'est ce même sens de l'équilibre qu'évoque aussi le terme grec « Arche », dont l'Architecte n'est que le metteur en oeuvre plus ou moins éclairé, le Grand Architecte l'étant naturellement davantage que les autres.
Le troisième argument viendra du mythe d'Hiram lui-même.
Le Mythe d'Hiram se caractérise en effet par la mort dramatique du Maître, qui laisse l'oeuvre inachevée et le soin à ses disciples d'en poursuivre la réalisation,
Un tel mythe n'est pas compatible avec la notion de perfection divine dans sa personne et dans ses actes, que les Religions qui postulent la Foi en un Dieu Révélé, attachent à la notion même de Divinité.
Selon le cabaliste contemporain bien connu, Charles Mopsik, beaucoup de Cabalistes voient la création, selon la Bible, comme une oeuvre multiple et continue, encore inachevée. Quant on sait l'influence que la Cabale a eue sur les sources du R... E... A... A..., on peut penser que la symbolique du G... A ... D... L'U... est plus proche de cette conception cabaliste que de celle des religions chrétiennes.
P. Guérin
G... O...  du G... C...D... R...
________________
1] Encore que le mot oïônistès convienne mieux que ce terme latin.


29/05/2007
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 113 autres membres