NAUVOO LODGE

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Le Temple, miroir de l'homme et de l'univers

Le Temple, miroir de l'homme et de l'univers

 

Introduction

 

Le titre se compose de plusieurs éléments qui pourraient aussi bien être indépendants qu'indissociables les uns des autres . Ils pourraient aussi générer un concept à la fois initiatique, religieux ou philosophique. Le Franc-maçon doit-il choisir la difficulté ou la facilité?  Ni l’une ni 1'autre. Il doit choisir la voie qui lui convient, quitte à emprunter de grands boulevards éclairés de lumières universellement connues pour s'engager ensuite dans de sombres ruelles dont les murs ne renferment que dangers divers et l'amenant inévitablement à des impasses. L'essentiel, dans la vie maçonnique, c'est de trouver son chemin.

 

L'apparition de I'Homme sur Terre

 

Toute la communauté scientifique internationale est à peu près d'accord pour admettre que I'Homme est apparu sur Terre il y a environ huit millions d'années. Je ne vous invite pas à imaginer notre ancêtre il y a huit millions d'années, parce qu’à cette époque, il n'avait rien de commun avec nous, et encore sur le plan de la morphologie. A ce propos, il est intéressant, mais désolant, de savoir que notre ancêtre est le fruit des caprices de la géologie. Ah ! si la Genèse pouvait être aujourd’hui réécrite au premier degré à la lumière des découvertes scientifiques!

 

Afin de mieux cerner, et le plus justement possible, la situation de l'Homme, il y a ...bref, très longtemps, j'ai enclenché la machine à remonter le temps et je me suis retrouvé à 1'époque des hommes des cavernes à l'âge de la pierre ( le choix de l’âge de la pierre n’est pas innocent!) 

 

A cette époque, I'Homme est à la merci de tous les dangers possibles :  climat, intempéries,  animaux,  accidents géologiques, maladies, ses semblables... Quant à ses préoccupations, elles sont réactives, car l’homme doit lutter sans merci pour sa survie. Il s’agit bien de survie, et non de vie et encore moins d'existence. Les questions métaphysiques n’ont aucune place dans son esprit. Mais notre homme est doté du pouvoir d'observation, ce pouvoir extraordinaire, il va le développer et s'en servir pour se libérer petit à petit des contraintes de la vie quotidienne.

 

Ainsi il va d'abord saisir certains mécanismes et cycles de la nature. Il va aussi comprendre qu'en vivant en groupe, il pourra attribuer certaines tâches en fonction de 1'individu et augmenter par-là le bien-être général de la communauté. Il établira aussi les relations de cause à effet,  ce qui l'amènera à constater que sa reproduction est le fruit de la copulation et non le résultat du hasard. Cette dernière remarque peut paraître déplacée dans cette planche, mais je vous invite à la prendre en considération, car elle contient un des éléments fondamentaux de 1'Homme: la survie de son espèce. Enfin, geste essentiel, il lève la tête et découvre 1'horizon, le ciel et l’Univers.

 

L'univers de I'Homme et l’Univers

 

Il est probable qu'à cet instant I'Homme a tout ramené à lui. Il a dû se sentir seul et angoissé face à cet inconnu dont il n'avait aucun moyen pour l’appréhender. Il n'avait aucun point de comparaison pour définir cet espace inaccessible et immuable au­dessus de sa tête. A ce stade d'observation et de réflexion, il lui était impossible de nier la réalité comme il pouvait le faire pour des réalités perceptibles par ses cinq sens. Mais il a pris conscience d'être le trait d'union entre le ciel et la terre et qu'il allait, dans une perspective historique, participer à l'invisible en haut et au visible en bas.

 

L'angoisse et 1'entêtement de I'Homme à vouloir tout comprendre ont permis à 1'humanité de se développer. Pas toujours d’une façon harmonieuse et encore moins sans quelques drames, il est vrai.

 

Après avoir recouvert l’Univers d'épaisses couches de mystères, notre homme s'est mis à les décaper et à le repeindre de couleurs étonnantes. Le fruit de son imagination a pris parfois des détours qu'il vaut la peine d'emprunter, ne fut-ce que pour le plaisir.

 

Les Chinois, les Babyloniens , les Égyptiens out peuplé les cieux de dieux dont l'une des préoccupations consistait à remplir des panthéons infinis. Les siècles passent et les Grecs commencent à se rendre compte que l'Homme est à même de déchiffrer I'Univers.

 

Pythagore, ce vieux compagnon des Francs-Maçons, pense que le Cosmos se définit par les nombres. Pour lui, l'Univers est composé de 10 sphères concentriques aux trajectoires circulaires s'ajustant parfaitement autour d'un feu central. Aristote et Ptolémée achèvent et perfectionnent sa description en y ajoutant d'autres sphères et placent la Terre au centre de l'Univers. Cette théorie géocentrique durera près de 15 siècles.

 

Au moyen Age, les hommes d'Église reprennent le concept de Ptolémée et l'enrichissent d'une sphère supplémentaire: celle de Dieu. Et ces " brillants " théologiens placent des anges dans les sphères planétaires et leur assignent la rude mission de faire tourner les planètes.

 

Quant à la Lune, c'est le purgatoire. Enfin, ils réservent la Terre pour la mort et au­-dessous d'elle, ils placent l'enfer.

 

En situant le Soleil au centre de l'Univers, Nicolas Copernic déplace la Terre au rang de planète. Ce déplacement aura des répercussions profondes dans l'histoire de l'Homme. Désormais, it n'est plus le nombril de l'Univers. Quelques années plus tard un astronome danois, Brahe, démontre que l'orbite des planètes est ovale et réduit ainsi à néant la conception des sphères.

 

Galilée avec sa petite lunette, Newton avec son principe de la gravitation mettent définitivement à la porte les anges qui n'ont plus d'autres issues que d'aller occuper les esprits de certains hommes dont l'imagination continuera d'expliquer une partie de notre Histoire.

 

La dernière humiliation nous sera infligée par notre siècle. Grâce à la science et à l'astrophysique, nous avons encore découvert que le Soleil n'était pas au centre de l'Univers.

 

Performance qu'il vaut la peine de relever ici, l'Homme a commencé à forger son histoire en faisant de la science fiction. En effet,  sans quitter sa planète, il a conçu l'Univers, l'a ordonné, peuplé, dépeuplé, désordonné pour le placer enfin dans un système dont il ne connaît pas les limites, mais dont il perçoit certains aspects de désordres permanents. Force est de penser à Rabelais ou à Pascal qui définissaient l'Univers comme une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Qu'il est loin le temps ou l'Homme croyait habiter dans un système fini et stable.

 

L'Homme face à l'Univers

Vouloir expliquer le Cosmos est une vaste entreprise à laquelle l'homme s'attelle depuis la nuit des temps et qui lui confère sa véritable dimension. Et cette entreprise n'a pas manqué, ne manque et ne manquera pas de provoquer des réactions dont les influences se font sentir principalement au niveau des angoisses métaphysiques.

 

Face à I'inconnu qu'il peut résoudre, l'Homme répond par des actes qu'il ne peut comprendre. Cela s'explique en partie par sa peur du vide qu'il comble comme il peut, quitte à être déraisonnable. Exprimé autrement, l'Homme entretient des rapports conscients avec ce qu'il comprend et des rapports inconscients avec ce qu'il ne comprend pas.

 

Le fonctionnement de l'être est fort complexe. Je laisse cette délicate mission d'explications aux médecins, psychiatres, psychologues et autres détenteurs de diplômes en tous genres. A la lumière de mon âge maçonnique, et en toute modestie par rapport à ma place dans l'Univers, je pense que l'Homme fonctionne selon le concept d'un pas après I'autre. Et que la meilleure façon de marcher, c'est de mettre un pied devant l'autre et de recommencer.

 

Vous allez sans doute penser que je n'ai rien trouvé là d'extraordinaire.  C'est vrai, puisque cette méthode est universellement connue de tous les marcheurs et qu'elle est enseignée à tous les participants de colonies. Plus sérieusement, cette image me plaît parce qu'elle montre bien que l'on ne progresse que sur la base d'acquis qui permettent une projection d'actions envisagées. Seulement il faut admettre qu'il y a un moment, un espace d'inconnu jusqu'à la réalisation de la projection. C'est pendant cet instant et cet espace que 1'Homme prend toute sa valeur. Il peut en effet, en pleine conscience, influer sur la suite de l'évènement. Trois voies lui sont ouvertes:

- la première consiste à achever ce qu'il a entrepris et à vérifier si ses acquis lui ont donné raison;

- la seconde l'incite à renoncer, car son acquis expérience n'est rien d'autre qu'une lumière éclairant le chemin parcouru; il serait donc déraisonnable de continuer;

 - la troisième à modifier l'action projetée en cours de réalisation.

 

Avant le Temple, avant l'Univers

 

Il y a un mot dans la langue française dont la signification et 1'emploi n'ont rien d'anodin. Ce mot ou plus précisément ce verbe, peut provoquer la confusion et 1'erreur et servir les maîtres de la désinformation. Je veux parler du verbe résumer. Lorsque l'on résume, on ne fait que jeter des perles aux pourceaux, ou plus communément, on jette en pâture des bribes d'informations et de connaissances aux masses avides de sensations fortes et de vérités sécurisantes.

 

La première partie de cette planche consacrée à l'apparition de l'Homme sur Terre et de sa prise de conscience de l'existence de 1'Univers est en fait un résumé. Mais ce résumé n'a rien à voir avec ce que je viens de dire sur ce mot. Il est le résultat de mes très modestes connaissances en la matière. J'aurais pu certes hanter les bibliothèques universitaires et académiques et entrer en relations avec des auteurs spécialisés sans ce domaine pour parfaire ce tracé.

 

En prenant le pari d'expliquer pourquoi le Temple est le miroir de I'Homme et de l'Univers, je me suis souvenu d'une phrase dont je ne sais plus à qui attribuer la paternité mais qui colle parfaitement au sujet. Cette phrase est la suivante : " L'histoire s'écrit avec de l'encre qui ne sèche jamais ". Prenons donc garde de vouloir figer et graver à tout jamais des explications sur des sujets dont nous n'entrevoyons que quelques pâles lueurs et dont la lumière complète pourrait nous aveugler.

 

Du miroir à l'Univers

 

Comment vivait l'homme avant d'avoir inventé le miroir et avant de s`être penché sur un plan d'eau? Il devait certainement procéder par analogie en regardant ce qu'il pensait être ses semblables. Ce devait être une époque d'incertitudes.

Et puis est arrivé le miroir. Mais avec lui sont arrivées aussi un nombre incroyable de considérations philosophiques qui out donné à notre miroir une profondeur symbolique sans fin. Dans nos dictionnaires de symboles l'une des définitions du miroir dit " En vertu de la théorie du microcosme, image du macrocosme, l'Homme et l'Univers sont dans la position respective de deux miroirs. De même les essences individuelles se reflètent dans I'Être divin et l'Être divin se reflète dans les essences individuelles ".

L'Homme avec son prodigieux pouvoir d'observation, mais surtout de création s'est transformé en miroir et a capté l'image de l'Univers et 1'a matérialisée sous des formes diverses. Je dis sous des formes diverses, car le miroir donne une image inversée de la réalité. Mais 1'Univers, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Il n'y a donc pas de matérialisation et d'expression exactes de 1'Univers. De plus, on ne peut observer aucune règle définie, tant sont riches et multiples les sentiments du sacré et les modalités des rituels. Tout au plus, peut-on constater que les Temples sont des traits d'union entre la Terre et 1'Univers, un pont entre les ténèbres et la lumières, une expression spirituelle d'élévation.


 

Des Temples au Temple de Salomon      

 

Durant des milliers d'années, l'Homme a concrétisé l'image de l'Univers par la construction d'édifices, Les édifices qui nous intéressent sont ceux qui nous montrent les proportions et et les mesures symboliques du Cosmos et ceux qui s'inspirent du corps humain. Ces deux caractéristiques sont le résultat des effets d'échanges éternels et permanents d'images et de reflets entre le grand miroir dans lequel 1'homme se regarde et le petit miroir dans lequel le G:. A:. de 1'U:. contemple sa création.

 

Ces Temples sont des Oeuvres qui ne doivent rien au hasard. Leur architecture, leurs dimensions et leur construction sont basées sur le nombre d'Or, nombre qui n'est pas le fruit gratuit de 1'imagination mais un principe universel d'équilibre et d'harmonie. Il est intéressant de noter que les dimensions de la Loge sont basées sur ce fameux nombre d'Or et qu'elle se définit non plus en carré long, en carré doré ou carré Soleil.

 

En Franc-Maçonnerie, le Temple qui nous intéresse et qui constitue la référence, c'est celui qui a été conçu par Salomon et qui a été construit par Hiram. Ce Temple pour qui sait lire, déchiffrer et comprendre, contient toutes les clefs de 1`Univers et les explications de la création. Il est le temple-symbole et l'expression visible de l'invincible. Il explique, entre autre, l'activité des éléments, le commencement, la fin et le milieu des temps, les alternances des solstices et les changements de saisons, les cycles de l'année et les positions des astres.

 

Le Temple maçonnique, c'est d'abord un espace clos, à l'abri de la vie profane et animé par la réflexion et par 1'échange d'idées. Ce Temple contient des légendes, mémoires collectives de 1'humanité. Mais il est surtout là pour nous transmettre des valeurs symboliques et initiatiques, adaptées il est vrai aux différentes coutumes des sociétés. Il est construit de façon composite par des symboles qui doivent nous faire vibrer et qui out pour origine le Cosmos, la Bible, le Compagnonnage, la Chevalerie, I'Alchimie ou encore la philosophie pythagoricienne. Enfin certaines de ses dimensions amènent l'Homme et l'Univers à se fondre l'un dans l'autre à l'infini, telles deux miroirs se faisant face à face en se renvoyant indéfiniment une seule et unique image. C'est ainsi que la pensée peut arriver à être plus étroitement liée à 1'esprit qu'à la matière.

 

Le Palais des glaces

 

Mais il est aussi un palais des glaces que les reflets transforment en labyrinthe. Le Maçon se déplace seul dans ce dédale de murs de miroirs qui lui renvoient son image de tous côtés. Il sera encore plus seul s'il recherche à projeter une image construite sur la vanité et la séduction. Et contrairement aux voeux de Jean Cocteau, les miroirs ne réfléchissent pas avant de renvoyer une image. Le Labyrinthe ne lui offrira alors qu'une seule voie: celle de la perdition, tant son image renvoyée lui fera mal, car mal profilée et carénée pour se mouvoir dans les eaux pures et limpides de la probité et de la connaissance.

 

Briser le dernier miroir

 

Pour s'y retrouver, le Franc-Maçon devra faire preuve de sagesse et faire la part des choses entre 1'image projetée et l'image réelle. Il  lui faudra aussi comprendre que plus la distance entre lui et son image diminue, plus il aura de force pour parcourir le Temple jusqu'au dernier miroir pour le briser et passer de l'autre côté, dans un espace jusque là inconnu qui se définit pas avec le fil à plomb et le niveau. Je veux parler d'un espace, d'un temps, où nous pouvons nous intégrer avec 1'Esprit supérieur, ne faire qu'un avec lui et où le miroir n'a plus de raison d'être.

 

Ultime question

 

L'initié doit-il considérer le Temple comme le miroir de 1'Homme et de l'Univers? Ma réponse est oui, mais à condition qu'il dépasse le stade de la contemplation, du reflet et de la spéculation pour atteindre une dimension universelle.

(Source : Grand Orient de Suisse)



19/05/2007
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