Les Décors du Maçon
Les Décors du Maçon
Le Tablier
Le Tablier constitue l’essentiel du décor du Maçon.
Aux grades d’Apprenti et de Compagnon, il est fait de peau blanche sans aucun ornement. Au grade
Pour Plantagenet, fait de peau d’agneau, rappelle la tunique de peau dont la légende biblique revêt Adam et Eve contraints de quitter le Paradis et voués à la douleur.
“La douleur, dit-il dans « Causerie en Loge d’Apprenti », n’est point une malédiction pour l’homme, elle est la cause génératrice de son bonheur ; celui qui percera le mystère des deux colonnes n’en pourra douter. Il apprendra aussi que le « travail » n’est un châtiment que s’il se poursuit à des fins égoïstes. Pour qu’il soit une source intarissable de joie, il faut qu’il soit aimé pour lui-même, il faut qu’il ne soit pas fonction unique de mobiles dégradants et c’est pourquoi le Tablier est blanc, immaculé et pur. En le conservant tel, chacun peut, sur son plan, réaliser cette perfection à laquelle aspire tout initié.
La bavette relevée du Tablier d’Apprenti protège l’épigastre.
L’épigastre est lié au plexus solaire et ce plexus correspond au chakra ombilical dont dépendent nettement les sentiments et les émotions contre lesquels l’Apprenti surtout doit se protéger afin d’atteindre à la sérénité d’esprit qui fera de lui un Initié réel.
D’autre part, restant ainsi isolé, les sentiments propres et les émotions de l’Apprenti ne risquent pas de gêner par leurs radiations la paix profonde du Temple dans lequel il est admis. Ce risque étant supposé ne plus exister chez le Compagnon et chez le Maître, ceux-ci peuvent sans inconvénient abaisser la bavette de leur Tablier.
La ceinture du Tablier mérite aussi de retenir notre attention.
Dans la tradition chrétienne, la ceinture est un signe de protection, de continence, de chasteté, utilisée principalement par les ermites et les reclus, sous la forme de chaînes plus ou moins lourdes.
Le cordon porté par le prêtre pour célébrer la messe ou la ceinture de cuir ou de corde dont les moines s’entourent les reins possèdent un sens identique.
Le voyageur porte une ceinture : ce qui signifie qu’il est prêt à affronter le danger. La composition de cette ceinture symbolise la vocation de celui qui la porte, elle indique l’humilité ou la puissance, elle désigne toujours un choix et un exercice concret de ce choix.
Son rôle utilitaire, resserrer ou soutenir un vêtement autour de la taille, porter des armes ou des outils, hache, bourse, clefs, etc., s’accorde avec sa valeur symbolique d’union fidèle, d’appartenance, voire d’identification à une personne, à un ensemble, à une fonction privilégiés.
Au contraire, dépouiller quelqu’un de sa ceinture, comme on le fait avec les prisonniers, tant militaires que civils, c’est briser un lien, c’est rompre l’attachement à un milieu ; c’est l’isoler.
D’une façon générale, dans l’acception iconographique religieuse, la ceinture signifie le travail, la marche, la force et la chasteté. On voit par là que le symbolisme de la ceinture renforce celui du Tablier. C’est pour cela aussi qu’elle est de couleur blanche (Apprentis, Compagnons). C’est donc par erreur que certains Maçons portent le Tablier sous le veston, jugeant inesthétique la ceinture du dit Tablier.
La plupart des Maçons considèrent le Tablier de Maître comme un accessoire facultatif et le cordon comme étant seul indispensable.
C’est une erreur.
Cet abandon est fort ancien puisque déjà Ragon, dans son Rituel de l’Apprenti Maçon, écrit :
« Il y a des Loges où les Officiers et même le Vénérable croient qu’ayant leur sautoir ils peuvent se dispenser de porter le Tablier de leur grade. C’est une erreur et une faute : le Tablier, symbole du travail, est plus nécessaire que le cordon, il est le véritable habillement maçonnique, le cordon n’en est que le décor. Dans les séances, pour certains hauts grades, on ne porte point le Tablier, parce que le travail est censé fini ; mais dans les tenues symboliques, où le travail maçonnique commence, le Tablier est indispensable.»
« Car, sans Tablier, pas de Maçon .»
Le Franc-Maçon n’a pas à rougir de son Tablier, il est l’emblème du travail. Les constructeurs de cathédrales le vêtirent avec fierté. Les constructeurs du Temple symbolique de l’Humanité de demain ne doivent pas rougir de le porter.
Les Cordons
Les cordons sont, en Maçonnerie, de deux sortes : les écharpes et les sautoirs.
L’écharpe.
L’écharpe se porte de l’épaule droite au flanc gauche et rappelle le baudrier, soutenant l’épée, que portaient les hommes d’armes et aussi les écharpes de rubans des gentilshommes de la cour.
Cette écharpe semble dater des premiers temps de la Maçonnerie spéculative. Elle établissait une sorte d’égalité entre tous les membres de la Loge : nobles et non nobles ; en faisant de ces derniers les égaux des premiers.
Le port de l’écharpe n’est pas obligatoire tandis que celui du Tablier est rituellement prescrit.
Cependant, à l’occasion des « Tenues blanches » et pour les fêtes maçonniques, le port de l’écharpe nous semble tout indiqué ; et il nous paraît aussi que le port du Tablier, dans ces mêmes circonstances, équivaut à une profanation.
De plus, les Apprentis et les Compagnons doivent lors des tenues blanches, se « décorer » au grade de Maître, c’est-à-dire porter l’écharpe et non leur Tablier. Cette sage prescription des instructions maçonniques montre bien le caractère purement « décoratif » de l’écharpe.
Les broderies qui ornent les écharpent sont facultatives. Si nombreuses et si riches soient-elles, elles n’indiquent ni un grade, autre que celui de Maître, ni une fonction particulière.
L’écharpe du Rite Français est entièrement bleue ; celle du Rite Ecossais est également bleue, mais elle est bordée de rouge.
Les sautoirs.
Les sautoirs indiquent toujours une fonction en Maçonnerie bleue, tandis qu’ils peuvent être insignes de grade, sans préciser une fonction, dans les Ateliers Supérieurs.
Le ruban qui les constitue est de même couleur que celui des écharpes, c’est-à-dire bleu au Rite Français et bleu liséré rouge au Rite Ecossais.
Tous les officiers de Loge doivent porter un sautoir qui ne peut se cumuler avec l’écharpe.
Les bijoux.
Les bijoux maçonniques sont au nombre de six. Trois sont appelés bijoux immobiles et les trois autres appelés bijoux mobiles ou bijoux d’ordre.
Bijoux dérive du breton bizou, anneau, racine biz, doigt. Par extension ce mot signifie tout objet de parure précieux.
Les bijoux immobiles sont : la Pierre brute, la Pierre Cubique et la Planche à tracer qui correspond respectivement aux degrés d’Apprenti, Compagnon et Maître.
Ces « bijoux », c’est-à-dire ces objets précieux, doivent figurer dans chaque Temple.
La Pierre Brute et la Pierre Cubique, à gauche et à droite au bas de l’estrade ; la planche à tracer devrait se trouver au milieu, devant le Vénérable.
Les bijoux mobiles ou bijoux d’ordre sont : l’Équerre, le Niveau et la Perpendiculaire. Ces bijoux ornent les sautoirs du Vénérable et des deux Surveillants. Ils sont appelés mobiles parce qu’ils passent d’un frère à l’autre selon les fonctions qui leur sont dévolues.
Généralement les autres officiers ne portent pas de Bijoux.
Sur leur sautoir est brodé un attribut qui correspond à leur fonction :
Orateur : un livre ouvert avec le mot « Loi »
Secrétaire : deux plumes croisées.
Trésorier : deux clefs croisées.
Hospitalier : une bourse-aumônière.
Expert : un glaive croisé avec une Règle et un œil, insigne de sa vigilance.
M\ des Cér\ : deux glaives croisés et une canne.
Couvreur : un glaive vertical, poignée en bas.
Tous les officiers de Loge doivent porter un Sautoir qui ne peut se cumuler avec l’écharpe.
Il ne faut pas comprendre au nombre des bijoux maçonniques, les épingles de cravate, boutons de manchettes, etc.
Les seuls bijoux rituels sont ceux que nous avons signalés.
Les Gants blancs.
Les gants blancs des Maçons sont symbole de pureté.
L’Apprenti, lors de sa réception, recevait naguère encore, deux paires de gants blancs : l’une pour lui et l’autre qu’il devait remettre à « la femme qu’il estimait le plus. »
“ Les gants blancs, dit Wirth, reçus le jour de son initiation, évoquent pour le Maçon le souvenir de ses engagements. La femme qui les lui montrera lorsqu’il sera sur le point de défaillir lui apparaîtra comme sa conscience vivante, la gardienne de son honneur. Quelle mission plus haute pourrait-on confier à la femme que l’on estime le plus ? ”
“ Le rituel, ajoute Wirth, fait remarquer que ce n’est pas toujours celle que l’on aime le plus, car l’amour, souvent aveugle, peut se tromper sur la valeur morale de celle qui doit être l’inspiratrice de toutes les œuvres grandes et généreuses ”.
Jadis on donnait le nom de clandestine à la femme jugée « la plus digne » par les maçons.
Wirth signale que Gœthe, initié à Weimar le 23 Juin 1780, fit hommage des gants symboliques à Mme Von Stein, en lui faisant remarquer que si le cadeau était infime en apparence, il présentait cette singularité de ne pouvoir être offert par un Franc-Maçon qu’une seule fois dans sa vie.
Les gants blancs sont, en Maçonnerie, non seulement un symbole, mais encore objets rituels.
On sait, de façon certaine, qu’un magnétisme réel émane de l’extrémité des doigts et les mains gantées de blanc ne peuvent laisser filtrer qu’un magnétisme transformé et bénéfique.
D’une assemblée de Maçons, où tous sont gantés de blanc, se dégage une ambiance très particulière que ressent d’ailleurs très nettement le maçon averti. Une impression d’apaisement, de sérénité, de quiétude, s’ensuit tout naturellement.
La modification apportée par ce « signe extériorisé » est plus profond qu’on pourrait être tenté de le croire. Il en est ainsi d’ailleurs pour maints symboles qui deviennent efficients lorsque, du plan mythique, ils passent sur le plan rituel.
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