Les Trois Grandes Lumières
Les Trois Grandes Lumières
Lorsque nous entrons dans le temple, nous avons présent devant le siège du V\ M\ , un autel dit autel des serments, sur lequel figurent une Bible une équerre et un compas. il n’est un secret pour personne que l’entrelacement de ces deux derniers varie suivant le grade ou le degré de la tenue. Mais ce n’est pas là l’objet du présent quart d’heure symbolique que je viens vous proposer.
Il est évident et sans conteste pour nous que ces objets forment les trois grandes lumières. mais il est moins évident qu’il en a toujours été ainsi. En effet, depuis la création de la F\ M\ spéculative en 1717, les lumières n’ont pas toujours été ces dernières. Tout d’abord, elles ont été au nombre de douze - conformément au Graham Manuscrit.
Le père, le fils, le soleil, la lune, le maître maçon, l’équerre, la règle, le plomb, la ligne, le maillet, et le ciseau. Bien que sous des noms différents les trois grandes lumières actuelles y sont déjà.
Puis, le Wilkinson Manuscrit en 1727 fixe au nombre de trois : la lune, le soleil, et le maître maçon. Ce n’est que vers le milieu du XVIII° siècle que sont définis les trois grandes lumières actuelles.
Une petite parenthèse pour préciser que la GLF ne fait obligation de la Bible que depuis 1953.
Si la présence du compas et de l’équerre va de soi, pourquoi avoir associer la Bible ? N’est-ce pas prendre le risque d’un glissement vers la religion, et amputer ainsi notre ordre de son universalité en confondant le G\ A\ D\ L\ U\ avec le Dieu Chrétien ? Les maçons se recrutent-ils uniquement parmi les chrétiens ?
Je ne crois pas.
De tout temps l’équerre et le compas ont été associés car, si vous permettez l’expression, ils mesurent le temps et l’espace, l’esprit et la matière, moi je dirai, l’évolution et la réalisation... Ils sont d’ailleurs tous deux symboles de perfectionnement divin et humain, pour ne pas nous leurrer extérieur et intérieur.
Le compas, s’il est symbole de l’esprit, est transcendance, l’équerre symbole de la matière ordonnée est celui de la réalisation humaine.
Le compas est l’esprit, il représente la spiritualité humaine, vous m’excuserez du pléonasme, car il ne peut y avoir de spiritualité qu’humaine, il ne peut y avoir de transcendance qu’avec conscience de cette transcendance, et seul l’être humain la possède. Il est la raison raisonnable, il délimite le domaine du positif, il constitue le jeux de l’esprit, peut-être l’organisation dans son sens absolu , l’harmonie idéale, le Point Oméga pour certains. Pour parler de son ouverture, la F\ M\ l’ouvre à 45°, 60° ou 90°. Je passe l’explication elle n’est pas de mon ressort. Toutefois 45° pourrait signifier que l’esprit ne domine pas complètement la matière, et 90° est l’équerre juste, c’est à dire la limite connaissable de la réalisation humaine. L’équerre quant à elle permet de se conformer à une norme ou à la norme, plus précisément, l’idéal de la perfection humaine. Elle se rapporte à la matière, à l’organisation de la matière que l’on tire du chaos en la rectifiant, et en l’organisant vers la construction universelle. Plus vers l’organisation de la matière. Elle rectifie le chaos, et affine le but. En réalisant le cubisme de la pierre, elle permet la construction du temple parfait, et montre la sourde aspiration de l’homme vers le sacré. Si à peu près dans toutes les philosophies l’équerre est attachée au perfectionnement du carré - Terre /création - le compas est attaché à l’appréhension du cercle -ciel / créateur. Mais pour tracer une épure, le compas n’est pas suffisant, il ne peut que tracer une rosace, et pas une étoile. Pour cela il est nécessaire d’utiliser la règle. Règle qui fait défaut sur l’autel des serments. Cela n’est pas évident du tout. Je veux dire qu’à certains rites, la Bible est remplacée par la règle (Memphis Misraïm). Y aurait-il une quelconque identification entre les deux symboles ? La règle permet de tracer des droites, mais elle est aussi la règle de vie, de conduite. Elle peut aussi représenter le fil conducteur. En F\ M\, elle symbolise la lignée des initiés, ceux d’hier, d’aujourd’hui et s’il plaît à l’avenir, de demain. Elle pourrait être alors la Loi permettant à l’humain de sortir de son animalité et de se diriger vers sa destiné, sa réalisation réfléchie. Theillard de Chardin disait : « Ce serait un crime contre l’humanité si l’homme s’endormait d’un sommeil sans rêve, et qu’il oublie sa destinée. »
Mais la Bible dans tout cela ?
Elle est l’essentiel de la spiritualité occidentale. C’est elle qui a cristallisé l’aspiration de l’homme occidental dans sa recherche du sacré, et la F\ M\ étant d’inspiration protestante, il est normal qu’il soit fait référence à sa tentative de réalisation. Mais la spiritualité n’est pas la religion, disons plus simplement n’est qu’un reflet, que la partie la plus voyante de la force qui nous aspire vers notre réalisation absolue.
Il nous faut donc prendre la Bible, non pas dans son sens dogmatique et révélé, mais dans son sens d’explication de l’aspiration vers un plus être, dans son sens de la LOI, non pas dogmatique et dirigiste, mais incitatrice vers l’absolu humain, vers le point oméga de la réalisation de l’homme.
Pour cela, demandons nous ce qu’est la Bible. Je pense qu’Edouard Schuré est assez précis lorsqu’il dit que Moïse se trouvait dépositaire de l’enseignement des anciens de par son appartenance au temple égyptien, et qu’il a tenté d’apporter à tous, un enseignement jusqu’alors réservé à un très petit nombre. Dans le seffer berechit, il affirme l’unicité du principe créateur, et la loi morale qui en découle, il se gardera toute fois de tout révéler et initiera un courant parallèle dite Thora orale qui sera retransmis d’initié en initié. Il faudra attendre le CHRIST pour voir l’enseignement complet si on ne se contente pas des quatre évangiles.
Ainsi, sur l’autel des serments il faut voir la synthèse de la spiritualité et rien d’autre. Il ne faut voir que l’enseignement moral et sa transmission initiatique.
Nous pouvons alors voir dans les trois grandes lumières, qu’elles soient, soleil/compas, lune/équerre, maître maçon/Bible ou règle la force fécondante, la beauté fécondée, et la sagesse présidant et nous guidant vers la réalisation de notre absolu.
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