NAUVOO LODGE

Le goût de l'époque, rejoignant cette inspiration, aboutit à des styles utilisant ces formes. Sans le savoir de l'initié ou sans source historique, il est difficile d'affirmer précisément la signification maçonne de certains éléments architecturaux, qui peuvent relever seulement d'un style général.

Je présente une liste partielle, ne retenant que des monuments clairement maçonniques.

La pyramide du parc Monceau

Parmi les fabriques du parc Monceau, une pyramide au décor égyptien...

Philippe d'Orléans choisit la plaine Monceau pour y aménager une résidence de qualité. Il confia l'ordonnance du parc au peintre Louis Carogis dit Carmontelle et le fit orner par l'architecte Poyet de divers monuments (ruines, colonnade etc..) ou fabriques.

Premier Grand Maître du Grand Orient de France, il ne manqua pas de donner à ses fabriques une signification maçonnique. Cette pyramide est la plus explicite. Le parc comprenait également une "Vallée des tombeaux". Le pavillon d'habitation, aujourd'hui disparu, servait secrètement de temple. Comptant parmi les chefs de file des libéraux, il appelait la Révolution de ses voeux. Quand elle éclata, Philippe d'Orléans se radicalisa, devint Philippe Egalité et fit tâter de la "cravate à Sanson" à son cousin Louis XVI. Il dut l'enfiler à son tour pendant la Terreur.

Une des fabriques du fameux Désert de Retz, la pyramide glacière est analogue. Je ne crois pas pour autant que cette dernière ait une signification maçonne. En revanche le marquis de Montesquiou tenait des cérémonies maçonniques dans sa pyramide de Mauperthuis. La forme de ces pyramides est inspirée de celle de Caïus Cestius à Rome.

Le grand Louvre

A l'inverse des cathédrales, le Louvre des rois de France ne faisait pas assaut de symboles maçonniques. Bien que le fait soit peu signalé, Napoléon ^1er était un franc-maçon convaincu. Rattachant son avènement après les capétiens à des symboliques de régénération, il fit sculpter dans la Cour Carrée Isis et Manco-Capac, dieu Inca fils du soleil, regardant l'astre du jour se levant. En pendant, à gauche du pavillon central, un architecte muni d'un compas serait Hiram.

Mêlées aux sculptures classiques de la cour carrée, des divinités égyptiennes et inca ...

Les symboles ci-dessus sont évidents. Un grand nombre d'éléments sculptés sous les deux empereurs font appel à la symbolique maçonnique, mais de manière plus discrète (compas et équerres dans des frises ...) ou moins évidente (Napoléon 1er entouré de Minerve et d'Apollon dans le fronton nord de la Cour Carrée).

Certains veulent voir dans l'ensemble des agrandissements du Louvre construits sous les deux empereurs la reproduction schématique d'un temple. Sous bénéfice d'inventaire, comme on dit familièrement.

La III^ème République triomphante

L'iconographie maçonne fleurit dans les sculptures ornant les palais ou les places. Elle célèbre la Raison, et vise à l'inculquer aux citoyens.

Groupe sculpté de la place de la Nation


Bas-relief du square Paul Langevin

Divers monuments du Père Lachaise

Le Pére Lachaise (et aussi les cimetières Montmartre et Montparnasse) abrite bien des tombes de francs-maçons célèbres : Raspail, Arago, Cambacérès, etc ...
Mais bien peu sont ornées de signes maçonniques évidents. Certes, la tombe de Raspail comporte une Isis voilée, mais cette référence n'est pas aveuglante : le promeneur peut tout aussi bien y voir une femme éplorée.

Parmi les signes évidents, la tombe de Fontaine (architecte de l'Empire et de la Restauration) et d'autres, sans renommée particulière :

 

Voir Paris, nécropole des grands maçons. Voir également sur ce site, la plaque d'un Vénérable au Colombarium.

Il ne faut pas prendre pour maçonnes les innombrables tombes portant obélisques et pyramides. Encore plus que l'architecture civile, l'architecture funéraire reprit des références égyptiennes, la vallée de l'ombre poussant à y puiser une part de mystère.

Pyramides et obélisque non maçons au Père Lachaise

Un lecteur érudit a eu l'amabilité de me signaler que la tombe pyramidale de gauche est celle d'un pharmacien égyptomaniaque se croyant la réincarnation de Ramsès, et celle de droite d'un curé de Montmartre ayant eu des affaires de moeurs, qui aurait choisi un phallus comme monument funéraire, bras d'honneur à l'Eglise, pointé vers le ciel.

Le monument des Droits de l'Homme, commémoratif du bicentenaire de la Révolution.

Oeuvre d'Ivan Theimer, ce monument installé en 1989, inspiré de temples égyptiens, comporte de nombreuses références maçonnes. Il n'y a là rien d'artificiel, puisqu'elles témoignent de ce moment historique où la pensée maçonne a été le fondement même du politique.

Vue générale




Façade est --- ouest

Tout promeneur remarque le triangle de la façade ouest (encore qu'un incongru cachet de bronze "ville de Paris" en perturbe la perfection).
Les pylônes de bronze de la façade ouest sont couverts d'une profusion de signes, symboles, textes d'une grande finesse de moulage, dont la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Nombre d'entre eux sont maçonniques.

Détails de la façade ouest --- de la façade est

Ces vues de repérage ont été prises un jour d'hiver bien sombre.
J'ai prévu de les remplacer par d'autres prises avec une meilleure lumière.

Voici les premières :

Les mosaïques du Conseil économique et social

Le palais abritant le Conseil a été construit avant guerre, c'est une oeuvre d'Auguste Perret. En 1992 sa frise a été ornée de onze mosaïques, créées par les sculpteurs Royne et Guardici.

Le Conseil économique et social :   mosaïque du monde   -   vue d'ensemble   -   mosaïque de la pierre taillée

Les symboles ont une inspiration franc maçonne : le monde, la pierre taillée, la pyramide, les étapes de la vie, la chaîne d'union en particulier. Hélas, la modénature de l'architecture de Perret ne comprend que onze espaces, nous privant de peu de la symbolique du nombre 12. En outre, une statue de bronze orne le parvis.

Des attributions discutées : la pyramide du Louvre et la grande Arche

Pyramide du Louvre   ---   Grande Arche de la Défense

Le simple choix par I.M. Pei d'une forme de pyramide pour la cour du Louvre n'est pas en soi la preuve d'une influence maçonnique. Le nombre et l'emplacement des trois petites pyramides secondaires, proches de la disposition d'un temple, sont plus troublants ... je n'ai pas cherché de documentation sur ce sujet.

Quand à l'Arche, s'il est vrai que son cube s'approche de la "pierre taillée", ça me semble très insuffisant pour crier au symbole caché. Le parterre zodiacal installé sur le toit ne fait pas partie de la conception d'origine d'Otto Von Spreckelsen et ne doit pas être pris en compte dans l'interprétation de ses intentions.

Quelques absents

Les façades des sièges d'obédiences un peu anciens comportent des motifs maçonniques; certaines sont curieuses, aucun des bâtiments n'est un grand geste d'architecture (voir par comparaison le Temple du rite écossais à Washington). Au contraire, les réalisations plus récentes sont neutres, tel le siège du GODF, rue Cadet, dont la façade 19ème est masquée par un mur rideau moderne, ou le superbe centre de la rue Christine-de-Pisan qu'a construit la GLNF en quittant Neuilly (malheureusement quelque peu encaissé dans un espace ingrat).

Les catacombes abritent des décors d'une intense inspiration maçonnique (paire de colonnes, motifs gravés ..). Je n'ai pas le projet de m'y rendre prochainement.

Rue Jacob un temple de l'Amitié de quelques dizaines de mètres carrés se dérobe aux yeux du public. Il est bien souvent cité comme construit par Maurice de Saxe pour la comédienne Adrienne Lecouvreur, et remontant à la première moitié du 18ème siècle. Cette origine est sans fondement pour la "Rue mystérieuse". Nathalie Clifford-Barney, "l'Amazone", y tint un salon littéraire dans les années 30 et pratiquement jusqu'à sa mort en 1972, encore que chassée sans ménagement par un nouvel acquéreur. Alors, maçon ou pas ? rien n'est sur, mais j'aimerais croire à la plus romantique des constructions maçonnes de Paris.

En région parisienne

Cette barque solaire du sculpteur Karel, commande d'Etat, achevée en 1993, a été installée dans la charmille du château de Rambouillet.
Sans avoir d'information particulière, son inspiration maçonnique me paraît évidente.